Update 2017-09-12-neurodivergence.md

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title: Neurodivergence
authors:
- Fabienne Cazalis
@ -35,6 +35,7 @@ En bref, lintelligence est conditionnée par nos sens, par la puissance des c
De même quil nexiste pas deux visages identiques, il nexiste pas deux cerveaux identiques. Cest cette variabilité qui fait notre singularité. Toutefois, pour la majeure partie de la population, cette variabilité est marginale, dans le sens où les différences cognitives et perceptives entre deux individus ne pèsent pas lourd comparativement à tout ce quils ont en commun. Lexemple du Quotient Intellectuel de Wechsler (une échelle de mesure des capacités intellectuelles, la plus utilisée, même si ce nest pas la seule) permet de bien saisir cette notion. Comme on peut le voir sur la courbe ci-dessous, 95.6 % de la population présente un QI entre 70 et 130, ce qui est considéré comme normal.
![courbe de normalité]({{ site.urlimg }}/posts/courbe_de_normalite.png)
Distribution de QI normalisé avec une moyenne de 100 et un écart type de 15. Auteur : Dmcq]
Il est essentiel de saisir que nous parlons ici de normalité statistique. En aucun cas, il ne devrait sagir dune évaluation de la valeur des individus. Hélas, ce terme de normalité est trompeur et évoque une notion de standard de référence, facilement interprété comme un idéal à atteindre. En dautres termes, parler de normalité est, quon le veuille ou non, normatif. Il serait plus juste de parler de banalité, dans le sens où il est banal dinteragir avec un humain dont le QI de Wechsler se situe entre 70 et 130 (puisque, sur 100 personnes, 95 obtiennent ce score), et moins banal dinteragir avec un individu dont le QI de Wechsler est inférieur à 70 (seulement 2,1 personnes sur 100).
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## Eloge de la variabilité
Le terme de neurodiversité nous vient de la communauté des autistes, qui, lassés que leur anormalité statistique soit interprétée comme une somme de déficiences, revendiquent au contraire leur différence comme une variation de lintelligence humaine. Pour comprendre cette posture, il faut savoir que si, sur plusieurs dimensions de lintelligence, les autistes présentent des capacités significativement inférieures à celles de la population neurotypique (les individus qui sont au centre de la courbe en cloche), ils disposent également de capacités cognitives et perceptives exceptionnellement supérieures. Ces profils intellectuels pleins dextrêmes sont donc potentiellement sources de handicap comme de promesses. Si on reprend lidée la notion que lintelligence est conditionnée par nos sens, les autistes, dont une des caractéristiques est davoir des capacités perceptives particulièrement aiguisées, ne vivent pas dans le même monde. On a longtemps dit deux quils vivaient dans leur monde, ce qui, suivant notre raisonnement, nest pas faux, mais incomplet. Il serait plus juste de dire quils vivent dans un monde plus intense et plus riche dinformations que celui des neurotypiques. Ils disposent par ailleurs de capacités cérébrales de calcul leur permettant dassimiler ces informations et den tirer des conclusions originales et pertinentes, que nous aurions tout intérêt à considérer avec le même sérieux que nous considérons les conclusions proposées par tout un chacun.
Le terme de neurodiversité nous vient de la communauté des autistes, qui, lassés que leur anormalité statistique soit interprétée comme une somme de déficiences, revendiquent au contraire leur différence comme une variation de lintelligence humaine. Pour comprendre cette posture, il faut savoir que si, sur plusieurs dimensions de lintelligence, les autistes présentent des capacités significativement inférieures à celles de la population neurotypique (les individus qui sont au centre de la courbe en cloche), ils disposent également de capacités cognitives et perceptives exceptionnellement supérieures. Ces profils intellectuels pleins dextrêmes sont donc potentiellement sources de handicap comme de promesses. Si on reprend lidée que lintelligence est conditionnée par nos sens, les autistes, dont une des caractéristiques est davoir des capacités perceptives particulièrement aiguisées, ne vivent pas dans le même monde. On a longtemps dit deux quils vivaient dans leur monde, ce qui, suivant notre raisonnement, nest pas faux, mais incomplet. Il serait plus juste de dire quils vivent dans un monde plus intense et plus riche dinformations que celui des neurotypiques. Ils disposent par ailleurs de capacités cérébrales de calcul leur permettant dassimiler ces informations et den tirer des conclusions originales et pertinentes, que nous aurions tout intérêt à considérer avec le même sérieux que nous considérons les conclusions proposées par tout un chacun.
Avec le temps, le mouvement de la neurodiversité intègre peu à peu tous les individus qui présentent de grandes variations cognitives par rapport à la normale, comme les personnes à haut potentiel intellectuel (soit un QI de Wechsler supérieur à 135, groupe dans lequel on retrouve dailleurs de nombreux autistes de haut niveau), les individus qui présentent un TDA/H (trouble déficitaire de lattention avec ou sans hyperactivité, que lon retrouve aussi chez de nombreux autistes), les personnes qui ont des troubles des apprentissages (dyslexie, dyspraxie…). Tous ces groupes humains ont en commun de présenter des aptitudes loin de la moyenne.
## Un réservoir à idées nouvelles
En raison de leurs aptitudes peu banales, les « neurodivergents » perçoivent le monde différemment, ce qui leur donne la capacité de remarquer ce que personne ne voit, de saisir des nuances imperceptibles au commun des mortels, de les analyser avec des outils cognitifs originaux, et den tirer des conclusions auxquelles personne dautre naurait pu aboutir. Si seulement nous sommes capables de les entendre ! Certes, les capacités de communication des autistes ne sont pas aussi performantes que celles des neurotypiques, mais elles ne sont pas pour autant absentes (même chez les autistes non verbaux, la communication peut se faire par gestes, parfois par écrit). Il me semble parfois que ce sont les préjugés, bien plus que le handicap, qui entravent les échanges authentiques entre autistes et neurotypiques. Cest particulièrement désolant si on considère que les capacités « neurodivergentes » peuvent se révéler vitales pour lespèce humaine, car lorsquune situation inédite se présente, et notamment une situation de danger, il faut inventer des solutions nouvelles. Et qui mieux que ceux qui pensent comme personne pour proposer des idées originales ?
En raison de leurs aptitudes peu banales, les « neurodivergents » perçoivent le monde différemment, ce qui leur donne la capacité de remarquer ce que personne ne voit, de saisir des nuances imperceptibles au commun des mortels, de les analyser avec des outils cognitifs originaux, et den tirer des conclusions auxquelles personne dautre naurait pu aboutir. Si seulement nous sommes capables de les entendre ! Certes, les capacités de communication des autistes ne sont pas aussi performantes que celles des neurotypiques, mais elles ne sont pas pour autant absentes (même chez les autistes non verbaux, la communication peut se faire par gestes, parfois par écrit). Il me semble parfois que ce sont les préjugés, bien plus que le handicap, qui entravent les échanges authentiques entre autistes et neurotypiques. Cest particulièrement désolant si on considère que les capacités « neurodivergentes » peuvent se révéler vitales pour lespèce humaine, car lorsquune situation inédite se présente, et notamment une situation de danger, il faut inventer des solutions nouvelles. Et qui mieux que ceux qui ne pensent comme personne pour proposer des idées originales ?