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@ -27,7 +27,7 @@ L’Autre est souvent plus proche de nous que l’on ne l’imagine, relégué p
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## Peur et richesses
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Le monde actuel multiplie les opportunités de rencontres avec des gens différents (sociétés plus diverses, flux de population croissants, réseaux sociaux) et les richesses culturelles et économiques qu’engendre la diversité sont plus visibles que jamais. Aux Etats Unis, 60% des 25 plus grandes entreprises high tech ont été créées par des immigrés ou des enfants d’immigrés.
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Le monde actuel multiplie les opportunités de rencontres avec des gens différents (sociétés plus diverses, flux de population croissants, réseaux sociaux) et les richesses culturelles et économiques qu’engendre la diversité sont plus visibles que jamais. Aux États Unis, 60% des 25 plus grandes entreprises high tech ont été créées par des immigrés ou des enfants d’immigrés.
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Mais la peur de l’Autre demeure. Nourrie par des inégalités profondes, des angoisses économiques et identitaires. Dans un monde en profond bouleversement où la quête de sens est complexe, nous nous réfugions trop souvent dans une vision unidimensionnelle de l’identité. Voir l’autre et en particulier la différence de l’autre à travers un unique prisme effraie et ne révèle que conflit et incompréhension.
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Même quand on pense « bien faire », le piège reste présent. Si l’on se surprend à ne considérer le réfugié que sous l’angle de « celui à qui l’on donne », on oublie alors que Marcel Mauss nous a appris que l’échange se réalisait par le triptyque « donner, recevoir et rendre ». Omettre l’une de ces trois composantes, c’est aliéner l’autre.
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@ -35,7 +35,7 @@ Le fait est que ces pratiques apportent un mieux-être, et elles sont accessible
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Exemples :
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Sous l’égide de Martin Seligman, la psychologie positive a développé depuis une vingtaine d’années une approche qui prend le contrepied de la psychologie classique. Là où la seconde « répare » les pathologies, la première se fonde sur nos points forts pour tendre vers plus d’équilibre et de bien-être. Les précurseurs de cette discipline[^7] ont mené des recherches approfondies et mis en place un [outil de diagnostic gratuit en ligne][2].
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Sous l’égide de Martin Seligman, la psychologie positive a développé depuis une vingtaine d’années une approche qui prend le contre-pied de la psychologie classique. Là où la seconde « répare » les pathologies, la première se fonde sur nos points forts pour tendre vers plus d’équilibre et de bien-être. Les précurseurs de cette discipline[^7] ont mené des recherches approfondies et mis en place un [outil de diagnostic gratuit en ligne][2].
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Pour ma part, je suis passionnée d’apnée profonde. Je pratique aussi le yoga, aime les randonnées en silence en haute montagne, ai testé la méditation intensive[^8]. J’ai constaté que descendre à – 40 mètres dans le Grand Bleu me procure un niveau de calme incomparable, état qui dure bien au-delà des quelques heures de pratique.
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@ -85,4 +85,4 @@ Les cohortes favorisent la dynamique de contagion (positive), ainsi faire crapau
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[^5]: Flow: The Psychology of Optimal Experience, Mihaly Cskiszentmihalyi, Ed Harper
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[^6]: <https://abonnes.nouvelobs.com/bibliobs/idees/20170623.OBS1143/pourquoi-la-neuroscience-s-apprete-a-changer-le-monde.html>
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[^7]: Tal Ben Shahar. Professeur à Harvard, il a écrit plusieurs best-sellers sur le sujet et son cours est l’un des plus populaires sur le campus, voir <https://wholebeinginstitute.com>
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[^8]: Méditation de type Vipassana dans laquelle il faut rester immobile, concentré sur son souffle et le calme de l’esprit, de 6h du matin à 22h pendant plusieurs jours d’afffilée
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[^8]: Méditation de type Vipassana dans laquelle il faut rester immobile, concentré sur son souffle et le calme de l’esprit, de 6h du matin à 22h pendant plusieurs jours d’affilée
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@ -9,7 +9,7 @@ date: "2017-09-12"
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slug: "engager_2050"
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description: "La Génération 2050 porte une double charge : redonner espoir et avancer malgré les décombres."
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- Generation 2050
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- Generation 2050
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## Résumé
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@ -16,7 +16,7 @@ Barack Obama
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### Prouver à nos enfants que la partie n'est pas jouée :
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Je voudrais partager avec vous une anecdote très intime, et qui a changé ma vie. Nous sommes en été il me semble, en tout cas il fait bon. Mon neveu et moi jouons à un jeu qui s'appelle Abalone : vous poussez les billes de l'autre personne pour les faire sortir du jeu, jusqu'à ce que l'autre personne n'ait plus de billes. Alors que le jeu avance, et que j'explique à mon neveu comment jouer mieux, puisqu'il n'a alors que sept ou huit ans, je vois qu'il est en train de perdre. Et je suis pris dans un tiraillement personnel : est-ce que je dois aller au bout du jeu et gagner la partie, ce qui peut-être lui déplaira tout en lui apprenant un peu à savoir perdre un jeu ? Est-ce que je me débrouille pour le laisser gagner encore, ce qui lui fera plaisir tout en évitant une leçon qui dit que parfois on gagne, parfois on perd. Je crois, à ce moment-là, m'être dit qu'il était en âge de comprendre que dans ce type de jeux, parfois on gagne, parfois on perd. Et c'est là que je vécus un événement qui transforma ma vie. Ca n'a duré que quelques secondes, pourtant, mais ça a suffit pour influencer tout ce que je pense quant à l'importance de l'enfance, et de prendre soin des générations nouvelles. Je n'oublierai jamais son regard, lorsqu'il réalisa que la partie était jouée. J'ai vu, dans les yeux de mon neveu, disparaître la dernière lueur d'espoir qui s'y trouvait. Aujourd'hui encore, et peut-être durant le restant de mes jours, je ne peux parler de cet événement sans être ému aux larmes. Bien sûr, il y a plus grave. Bien sûr, il y a la maladie, la guerre, la mort. Et pourtant, est-ce que ce qui compte le plus, au final, n'est pas cette lueur d'espoir dans le regard d'un enfant ? Est-ce que la véritable question, ce n'est pas de se battre pour que le moins d'enfants à travers le monde n'aient l'impression que la partie est jouée ?
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Je voudrais partager avec vous une anecdote très intime, et qui a changé ma vie. Nous sommes en été il me semble, en tout cas il fait bon. Mon neveu et moi jouons à un jeu qui s'appelle Abalone : vous poussez les billes de l'autre personne pour les faire sortir du jeu, jusqu'à ce que l'autre personne n'ait plus de billes. Alors que le jeu avance, et que j'explique à mon neveu comment jouer mieux, puisqu'il n'a alors que sept ou huit ans, je vois qu'il est en train de perdre. Et je suis pris dans un tiraillement personnel : est-ce que je dois aller au bout du jeu et gagner la partie, ce qui peut-être lui déplaira tout en lui apprenant un peu à savoir perdre un jeu ? Est-ce que je me débrouille pour le laisser gagner encore, ce qui lui fera plaisir tout en évitant une leçon qui dit que parfois on gagne, parfois on perd. Je crois, à ce moment-là, m'être dit qu'il était en âge de comprendre que dans ce type de jeux, parfois on gagne, parfois on perd. Et c'est là que je vécus un événement qui transforma ma vie. Ça n'a duré que quelques secondes, pourtant, mais ça a suffit pour influencer tout ce que je pense quant à l'importance de l'enfance, et de prendre soin des générations nouvelles. Je n'oublierai jamais son regard, lorsqu'il réalisa que la partie était jouée. J'ai vu, dans les yeux de mon neveu, disparaître la dernière lueur d'espoir qui s'y trouvait. Aujourd'hui encore, et peut-être durant le restant de mes jours, je ne peux parler de cet événement sans être ému aux larmes. Bien sûr, il y a plus grave. Bien sûr, il y a la maladie, la guerre, la mort. Et pourtant, est-ce que ce qui compte le plus, au final, n'est pas cette lueur d'espoir dans le regard d'un enfant ? Est-ce que la véritable question, ce n'est pas de se battre pour que le moins d'enfants à travers le monde n'aient l'impression que la partie est jouée ?
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A ce jour, je ne sais toujours pas si j'ai bien fait ou pas. Je me le demande encore. Mais j'ai tiré plusieurs leçons de cet instant. La première, c'est qu'il est impossible d'avoir réponse à tout. Nous ne pouvons pas prévoir les conséquences de nos actes, ni si les répercussions de nos actes seront, au final, positives ou négatives. Nous pouvons simplement faire au mieux de ce que nous pensons être juste, et laisser faire le monde. En tirer les leçons, et affiner l'une des choses que nous avons de plus cher en ce monde : notre intention. La seconde, et la plus importante, c'est qu'il n'est rien de plus important au monde que la lueur d'espoir dans le regard d'un enfant.
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@ -10,10 +10,10 @@ date: "2017-09-12"
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slug: "mousquetaires"
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description: "La méthode des 4 mousquetaires."
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- Generation 2050
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- Generation 2050
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De manière impromptue, quatre mousquetaires ont mis toute leur énergie à préparer et conduire la retraite des 34 aux Treilles, explorant en « live » le meilleur des techniques collaboratives mentionnées ci-dessus (N.B. : ref. à l’encart « intelligence collaborative en action »). La plupart des crapauds fous ne se connaissaient pas. Le miracle a opéré : synchro, cohorte, coproduction du Manifeste. Et des liens intimes inouïs, et essentiels !
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De manière impromptue, quatre mousquetaires ont mis toute leur énergie à préparer et conduire la retraite des 34 aux Treilles, explorant en « live » le meilleur des [techniques collaboratives](/intelligence_collaborative). La plupart des crapauds fous ne se connaissaient pas. Le miracle a opéré : synchro, cohorte, coproduction du Manifeste. Et des liens intimes inouïs, et essentiels !
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Comment sommes-nous passés de 34 personnes qui ne se connaissaient pas – mais toutes liées à notre abeille en chef, Thanh – à une ruche où chaque personne a trouvé sa place ?
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@ -27,10 +27,11 @@ Ces principes nous ont permis d’aligner les énergies, envies et intuitions de
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Deux de nos quatre mousquetaires partagent avec leurs mots l’expérience inédite de l’organisation du séjour des Treilles.
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### Asmaa Guedira, OuiShare connectrice et facilitatrice
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« Cela fait 3 ans que j’approfondis l’approche de facilitation non-linéaire, grâce à de nombreux séminaires et ateliers d’innovation, comme le projet POC21 . Grâce au pont fait avec le collectif Amanitas et la cohorte de San Francisco avec Michelle et Jerónimo, et à l’énergie folle impulsée par Thanh et les autres mousquetaires, la retraite des crapauds fous a été une expérience particulièrement réussie et enrichissante ! »
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> « Cela fait 3 ans que j’approfondis l’approche de facilitation non-linéaire, grâce à de nombreux séminaires et ateliers d’innovation, comme le projet POC21 . Grâce au pont fait avec le collectif Amanitas et la cohorte de San Francisco avec Michelle et Jerónimo, et à l’énergie folle impulsée par Thanh et les autres mousquetaires, la retraite des crapauds fous a été une expérience particulièrement réussie et enrichissante ! »
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### Jean-Baptiste Moretti, quatrième mousquetaire, qui agissait par Skype
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« Mettre en contact des agendas et des énergies différentes, afin de les accorder entre eux, comme des instruments de musique, pour que la musique jouée par l’orchestre fasse sens. Et laisser jouer l’orchestre ensuite. En tant que musicien, et ayant été formé par des musiciens férus d’œuvres orchestrales, notamment deux chefs d’orchestre, c’est ce qui fait le plus résonance dans cette histoire de création de cohésion entre personnes. Avec un point de départ, lorsque tout le monde arrive, d’où tout le monde vient, un lieu différent, un temps différent, un moment de leur vie différent, sans compter le mood qui change au jour le jour. »
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> « Mettre en contact des agendas et des énergies différentes, afin de les accorder entre eux, comme des instruments de musique, pour que la musique jouée par l’orchestre fasse sens. Et laisser jouer l’orchestre ensuite. En tant que musicien, et ayant été formé par des musiciens férus d’œuvres orchestrales, notamment deux chefs d’orchestre, c’est ce qui fait le plus résonance dans cette histoire de création de cohésion entre personnes. Avec un point de départ, lorsque tout le monde arrive, d’où tout le monde vient, un lieu différent, un temps différent, un moment de leur vie différent, sans compter le mood qui change au jour le jour. »
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@ -16,7 +16,7 @@ Notre pari repose sur la « Génération 2050 », qui a maturé à une vitesse
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Au-delà de la « petite poucette » de Michel Serres, ces jeunes sont familiers des technologies collaboratives, utilisent le smartphone, Uber ou Facebook à tout bout de champ. Parce qu’ils sont nés au tournant des années 2000, ils ont aussi pris de plein fouet les drames d’un monde en effondrement. Ils ont vu le Bataclan, les SDF dans la rue, le chômage, les conflits identitaires. Les drames écologiques et humanitaires, qui jusque-là se produisaient au loin, se sont invités dans leur quotidien avec la mondialisation numérique.
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Pour ces cohortes de jeunes en évolution accélérée, l’intensité des drames mais aussi les opportunités inouïes ouvertes par les technologies et un modèle de société qui s’effondre, résultent dans un fossé de plus en plus profond entre ceux qui pensent avoir la main sur leur avenir, et ceux qui se sentent largués. Cette génération est en effet plus qu’aucune autre frappée par la pauvreté et les inégalités par rapport aux générations précédentes1.
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Pour ces cohortes de jeunes en évolution accélérée, l’intensité des drames mais aussi les opportunités inouïes ouvertes par les technologies et un modèle de société qui s’effondre, résultent dans un fossé de plus en plus profond entre ceux qui pensent avoir la main sur leur avenir, et ceux qui se sentent largués. Cette génération est en effet plus qu’aucune autre frappée par la pauvreté et les inégalités par rapport aux générations précédentes.
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Si les premiers ont appris à naviguer sur les réseaux sociaux, parlent globish, se sont formés par le voyage avec l’économie du partage, s’affranchissant des limites économiques, les seconds ont perdu espoir et se sont repliés, cherchant un réconfort auprès de ceux qui leur ressemblent, par le rejet de ce qu’ils ne comprennent pas.
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@ -21,12 +21,18 @@ Et si Internet favorisait non l’information, mais la désinformation ? Et si,
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1. Il n’y a rien de très original à dire que le web donne une tribune à tout le monde, zozos comme experts, et que se retrouver dans le magma de l’information n’a rien de simple.
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2. On peut identifier plusieurs dynamiques :
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- La première est un effet « agora » : Internet offre une tribune à peu de frais, dont l’audience naturelle n’est cependant pas nécessairement folichonne…
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- La deuxième est l’effet « loupe » : … audience que boostent les moteurs de recherche en les rendant audibles (exemple : si je fais une recherche sur « complot illuminati argent », l’ami Google me sort 250 000 résultats, à la louche). On peut toujours trouver sur le web quelque chose qui valide ce que l’on pense et qui apporte la preuve qu’on nous ment. Et Google aide d’autant plus à valider ses croyances que celles-ci sont précisément libellées sous la forme d’une request.
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- La troisième est un « effet silo » : les sites sont « spécialisés », de telle sorte que l’on trouve présentés avec équanimité les différents points de vue. Seul, à la rigueur, Wikipédia offre ce genre de méta-information, minimisant l’effet cadrage jouant sur la manière dont l’information est comprise et reprise (« le complot des chats contre l’humanité est reconnu par un agent du FBI » et « un agent du FBI révoqué pour démence sénile reprend la vieille antienne du complot des chats » n’ont pas le même effet sur la manière dont on comprend le complot des chats…).
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- La quatrième est le classique effet « rebond » (l’un de mes biais cognitifs préférés) : plus on essaie de vous convaincre que vous avez tort, plus vous pensez avoir raison. L’effet est d’autant plus net que celui qui veut vous convaincre laisse entendre que, si vous ne vous rendez pas à ses arguments, vous êtes un trou-du-cul ignare et indigne d’avoir voix au chapitre (on trouvera dans le Manifeste de Brunswick l’une des premières expressions célèbres de l’effet rebond…).
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- La cinquième est un effet « fainéantise » : autant je suis disposé à trouver des informations qui valident ce que je pense, autant je serai un peu plus flemmard pour rechercher et comprendre des informations contradictoires.
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- La sixième renvoie à des heuristiques : dans la mesure où l’esprit humain n’est pas un microprocesseur froid mais bien une machine à rationalité limitée et chaude, il est habitué à sélectionner les informations de manière à pouvoir agir rapidement. Et c’est là que se noue le drame : plus vous avez accès à de l’information, plus, donc, vous êtes saturé d’information, plus les mécanismes de sélection de l’information vont jouer. Donc plus de nombreux biais cognitifs sont excités.
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- La première est un effet « agora » : Internet offre une tribune à peu de frais, dont l’audience naturelle n’est cependant pas nécessairement folichonne…
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- La deuxième est l’effet « loupe » : … audience que boostent les moteurs de recherche en les rendant audibles (exemple : si je fais une recherche sur « complot illuminati argent », l’ami Google me sort 250 000 résultats, à la louche). On peut toujours trouver sur le web quelque chose qui valide ce que l’on pense et qui apporte la preuve qu’on nous ment. Et Google aide d’autant plus à valider ses croyances que celles-ci sont précisément libellées sous la forme d’une request.
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- La troisième est un « effet silo » : les sites sont « spécialisés », de telle sorte que l’on trouve présentés avec équanimité les différents points de vue. Seul, à la rigueur, Wikipédia offre ce genre de méta-information, minimisant l’effet cadrage jouant sur la manière dont l’information est comprise et reprise (« le complot des chats contre l’humanité est reconnu par un agent du FBI » et « un agent du FBI révoqué pour démence sénile reprend la vieille antienne du complot des chats » n’ont pas le même effet sur la manière dont on comprend le complot des chats…).
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- La quatrième est le classique effet « rebond » (l’un de mes biais cognitifs préférés) : plus on essaie de vous convaincre que vous avez tort, plus vous pensez avoir raison. L’effet est d’autant plus net que celui qui veut vous convaincre laisse entendre que, si vous ne vous rendez pas à ses arguments, vous êtes un trou-du-cul ignare et indigne d’avoir voix au chapitre (on trouvera dans le Manifeste de Brunswick l’une des premières expressions célèbres de l’effet rebond…).
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- La cinquième est un effet « fainéantise » : autant je suis disposé à trouver des informations qui valident ce que je pense, autant je serai un peu plus flemmard pour rechercher et comprendre des informations contradictoires.
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- La sixième renvoie à des heuristiques : dans la mesure où l’esprit humain n’est pas un microprocesseur froid mais bien une machine à rationalité limitée et chaude, il est habitué à sélectionner les informations de manière à pouvoir agir rapidement. Et c’est là que se noue le drame : plus vous avez accès à de l’information, plus, donc, vous êtes saturé d’information, plus les mécanismes de sélection de l’information vont jouer. Donc plus de nombreux biais cognitifs sont excités.
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3. Vous l’aurez compris, pour peu que ces effets soient valides, alors jouent en arrière-plan les multiples biais cognitifs dont l’esprit humain est coutumier. Des effets que, par la subtile industrie d’un paradoxe apparent, la surabondance de l’information va exciter et qui, compte tenu de la manière dont s’organisent l’information et son accès sur le web, vont faciliter la cristallisation de « vérités alternatives ». Ainsi, le militant anti-vaccin saura qu’il peut trouver des études tendant à mettre en évidence leur innocuité, mais il partira du principe qu’elles ne méritent pas d’être consultées.
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@ -10,7 +10,7 @@ categories:
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- Neurodiversité
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### L’intelligence portée par les sens
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## L’intelligence portée par les sens
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Les spécialistes de l’intelligence s’accordent pour affirmer qu’il n’en existe aucune définition universelle. Nous utiliserons donc celle qui nous a paru la plus simple, à savoir que l’intelligence est la façon dont un individu appréhende et comprend son environnement.
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@ -20,7 +20,7 @@ Comment est-ce possible ? On conçoit facilement, par exemple, que comme nous ne
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Nous n’avons accès, à chaque instant, qu’à une fraction de notre environnement. Pour compliquer un peu plus la situation, les mécanismes cérébraux de l’attention sont tels qu’ils imposent des contraintes fortes à nos capacités perceptives. Or ces mécanismes de régulation et d’orientation de l’attention dépendent fortement de notre état d’esprit et de nos émotions. Voici des exemples de ces contraintes : lorsque nous trouvons une fleur ravissante, notre attention s’y focalise et nous rend capables de percevoir ses nombreuses nuances de couleur, de texture, de forme et de parfum ; inversement, si nous sommes sous le coup d’une peur panique, nous éprouvons une vision « tunnellisée », c’est-à-dire que nous ne pouvons plus voir que ce qui est au centre de notre champ de vision, tandis que les informations à la périphérie deviennent inaccessibles.
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### L’illusion d’un monde consensuel
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## L’illusion d’un monde consensuel
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Ces contraintes que nos sens et nos émotions imposent à notre intelligence peuvent entraîner des complications… imperceptibles. Prenons le cas de deux individus, appelons-les Thanh et Cédric, avec leurs états d’esprit respectifs. Ils peuvent tout à fait se trouver dans la même pièce et en percevoir des informations très différentes. Ils n’en sont pas conscients, car ils détectent tous deux suffisamment d’éléments en commun pour avoir l’illusion qu’ils ont perçu la même chose. Mais cette illusion est trompeuse et génératrice d’incompréhensions. En réalité, Thanh et Cédric ne vivent pas exactement dans le même monde, mais ils ont en commun un monde consensuel, composé des éléments qu’ils ont perçus tous les deux. En revanche, quand bien même ils seraient dans des états d’esprit similaires, Thanh et Cédric ne pourront jamais percevoir tous les deux exactement la même chose, sans forcément prendre conscience de ce hiatus inéluctable.
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@ -30,7 +30,7 @@ Mais cela n’est pas tout : non seulement les humains ne sont pas tous équipé
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En bref, l’intelligence est conditionnée par nos sens, par la puissance des centres de calculs neuronaux, et par l’humeur et l’état d’esprit dans lesquels nous nous trouvons. En d’autres termes, le monde tel que nous le percevons traduit notre attitude et notre singularité, soit notre façon d’être au monde.
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### Intelligence et normalité
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## Intelligence et normalité
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De même qu’il n’existe pas deux visages identiques, il n’existe pas deux cerveaux identiques. C’est cette variabilité qui fait notre singularité. Toutefois, pour la majeure partie de la population, cette variabilité est marginale, dans le sens où les différences cognitives et perceptives entre deux individus ne pèsent pas lourd comparativement à tout ce qu’ils ont en commun. L’exemple du Quotient Intellectuel de Wechsler (une échelle de mesure des capacités intellectuelles, la plus utilisée, même si ce n’est pas la seule) permet de bien saisir cette notion. Comme on peut le voir sur la courbe ci-dessous, 95.6 % de la population présente un QI entre 70 et 130, ce qui est considéré comme normal.
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@ -44,11 +44,12 @@ Dans la limite de nos outils conceptuels et de nos instruments de mesure, les ca
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En ce qui concerne l’intelligence, au sens où nous l’avons définie (et qui ne doit en aucun cas être confondue avec le QI, qui ne représente qu’une portion de tout ce qui constitue l’intelligence), nous trouvons particulièrement intéressant de nous pencher précisément sur ceux qui sont aux extrémités des courbes, ceux qui ne rentrent pas dans la norme. Cet intérêt nous a menés au concept de neurodiversité.
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### Eloge de la variabilité
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## Eloge de la variabilité
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Le terme de neurodiversité nous vient de la communauté des autistes, qui, lassés que leur anormalité statistique soit interprétée comme une somme de déficiences, revendiquent au contraire leur différence comme une variation de l’intelligence humaine. Pour comprendre cette posture, il faut savoir que si, sur plusieurs dimensions de l’intelligence, les autistes présentent des capacités significativement inférieures à celles de la population neurotypique (les individus qui sont au centre de la courbe en cloche), ils disposent également de capacités cognitives et perceptives exceptionnellement supérieures. Ces profils intellectuels pleins d’extrêmes sont donc potentiellement sources de handicap comme de promesses. Si on reprend l’idée la notion que l’intelligence est conditionnée par nos sens, les autistes, dont une des caractéristiques est d’avoir des capacités perceptives particulièrement aiguisées, ne vivent pas dans le même monde. On a longtemps dit d’eux qu’ils vivaient dans leur monde, ce qui, suivant notre raisonnement, n’est pas faux, mais incomplet. Il serait plus juste de dire qu’ils vivent dans un monde plus intense et plus riche d’informations que celui des neurotypiques. Ils disposent par ailleurs de capacités cérébrales de calcul leur permettant d’assimiler ces informations et d’en tirer des conclusions originales et pertinentes, que nous aurions tout intérêt à considérer avec le même sérieux que nous considérons les conclusions proposées par tout un chacun.
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Avec le temps, le mouvement de la neurodiversité intègre peu à peu tous les individus qui présentent de grandes variations cognitives par rapport à la normale, comme les personnes à haut potentiel intellectuel (soit un QI de Wechsler supérieur à 135, groupe dans lequel on retrouve d’ailleurs de nombreux autistes de haut niveau), les individus qui présentent un TDA/H (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, que l’on retrouve aussi chez de nombreux autistes), les personnes qui ont des troubles des apprentissages (dyslexie, dyspraxie…). Tous ces groupes humains ont en commun de présenter des aptitudes loin de la moyenne.
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### Un réservoir à idées nouvelles
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## Un réservoir à idées nouvelles
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En raison de leurs aptitudes peu banales, les « neurodivergents » perçoivent le monde différemment, ce qui leur donne la capacité de remarquer ce que personne ne voit, de saisir des nuances imperceptibles au commun des mortels, de les analyser avec des outils cognitifs originaux, et d’en tirer des conclusions auxquelles personne d’autre n’aurait pu aboutir. Si seulement nous sommes capables de les entendre ! Certes, les capacités de communication des autistes ne sont pas aussi performantes que celles des neurotypiques, mais elles ne sont pas pour autant absentes (même chez les autistes non verbaux, la communication peut se faire par gestes, parfois par écrit). Il me semble parfois que ce sont les préjugés, bien plus que le handicap, qui entravent les échanges authentiques entre autistes et neurotypiques. C’est particulièrement désolant si on considère que les capacités « neurodivergentes » peuvent se révéler vitales pour l’espèce humaine, car lorsqu’une situation inédite se présente, et notamment une situation de danger, il faut inventer des solutions nouvelles. Et qui mieux que ceux qui pensent comme personne pour proposer des idées originales ?
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@ -14,7 +14,7 @@ categories:
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- Génie Digital
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### Vous avez dit data ?
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## Vous avez dit data ?
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La question des données personnelles et de leur sécurité émeut rarement le grand public. Cette question évoque plutôt des temps révolus, des états totalitaires, de l’espionnage, où les lettres étaient savamment décachetées à la vapeur, ou au contraire ouvertes et caviardées par les censeurs du pouvoir en place. Un tel danger nous semble improbable. D’ailleurs, les gens peuvent expliquer leur manque d’intérêt pour cette question en disant par exemple qu’ils n’ont rien à cacher, ou bien qu’ils préfèrent recevoir des publicités ciblées plutôt que des publicités génériques, ou encore qu’ils sont satisfaits de bénéficier d’un service gratuit en échange de leurs données.
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@ -22,45 +22,36 @@ La question des données personnelles et de leur sécurité émeut rarement le g
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Utiliser son téléphone ou Internet (via un ordinateur ou n’importe quel objet connecté), c’est céder gratuitement des informations, des données (en anglais : data). Que vous soyez un particulier, une entreprise, une école, un gouvernement, les données issues de vos connexions au réseau s’accumulent.
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### De quelles données parlons-nous ?
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## De quelles données parlons-nous ?
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Ces informations sont de différentes natures.
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Il y a les métadonnées : ce sont les informations sur votre connexion, sans information sur son contenu. Par exemple, le nombre d’appels téléphoniques que vous passez par jour est une métadonnée. L’heure des appels, la durée des appels, le fournisseur d’accès par lequel vous êtes passé sont également des métadonnées.
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Et il y a les données proprement dites, qui sont des informations vous concernant directement. Par exemple, la fonction de localisation de votre téléphone indique où vous vous trouvez. La liste de ce qui constitue une donnée semble sans fin : les destinataires de vos e-mails, les photos que vous postez sur les médias sociaux, le texte de vos messages, les achats que vous faites sur le net, mais également toute donnée collectée ailleurs que sur Internet, puis stockée sur un ordinateur rattaché au réseau (lorsque vous êtes filmé dans un bâtiment par exemple).
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### Comment sont-elles utilisées ?
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## Comment sont-elles utilisées ?
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#### Utilisations “légales”
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### Utilisations “légales”
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Les données peuvent être collectées, stockées, vendues, analysées. L’utilisation peut mener à produire soit des informations vous concernant personnellement (ce qui conduit, par exemple, aux publicités ciblées), soit des analyses permettant de prédire les comportements humains, un outil fondamental non seulement pour le marketing moderne, mais également pour comprendre les mécanismes qui déterminent l’opinion publique.
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Les métadonnées peuvent sembler inoffensives, mais il n’en est rien. Ces données peuvent suffire à vous identifier et à déduire des informations vous concernant. Certes, si comme la plupart des gens, vous avez le sentiment que vous n’avez rien à cacher, cela peut sembler sans gravité. Toutefois, imaginez que dans les années qui viennent, un gouvernement à orientation totalitaire soit au pouvoir, ces données qui vous concernent seront toujours accessibles et peuvent conduire à des décisions vous concernant. Pour les citoyens du monde qui vivent dans des pays où la censure est forte, de telles données peuvent être suffisantes pour leur créer de graves problèmes.
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Les données proprement dites sont généralement directement identifiantes. Ce sont donc des informations (informations « faibles » qui mises en commun ont beaucoup de valeur) précises sur votre personnalité, votre mode de vie, vos valeurs, vos préférences qui sont collectées. Là encore, cela peut vous sembler inoffensif si vous vivez dans une démocratie et que vous respectez la loi. Toutefois, vous pouvez mieux vous représenter comment de telles données personnelles pourraient être utilisées contre vous sous un gouvernement totalitaire. Mais là n’est pas le problème le plus préoccupant. Ces données peuvent être utilisées pour alimenter une intelligence artificielle (IA) qui deviendra ainsi capable d’identifier les éléments qui vont modifier non seulement les comportements mais aussi les opinions d’un groupe humain. La puissance de ces IA est difficile à concevoir par le grand public, mais on comprend facilement comment un tel outil peut permettre de manipuler l’opinion publique, voire d’orienter les résultats d’élections, comme on l’a vu avec le Brexit ou les élections américaines .
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Ces données sont presque toujours acquises dans la légalité. Lorsque vous signez les conditions d’utilisation d’un logiciel, d’une app, d’un site, de réseaux sociaux (les fameuses « CGU »), vous donnez votre accord pour que vos données soient collectées, stockées, utilisées et même revendues sans que vous sachiez à qui ni dans quel but.
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Peut-on imaginer pire ? Oui… Par exemple, si une de vos connaissances accepte les CGU d’une app sur son smartphone, il peut tout à fait, et sans en avoir le soupçon, avoir donné son accord pour que tout son carnet d’adresses soit capté par l’app en question, puis analysé, vendu, etc.
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#### Utilisation illégale (piratage)
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### Utilisation illégale (piratage)
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Même lorsque vous n’avez pas donné votre autorisation, vos données peuvent néanmoins être collectées par des pirates. Typiquement, il s’agira de vos informations de paiement, voire d’information permettant l’usurpation de votre identité. Mais il arrive aussi que ce soient des données personnelles qui seront piratées et divulguées sans votre accord (comme dans le scandale du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison en été 2015).
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Sur le plan informatique, il faut savoir que le risque zéro n’existe pas. Grâce au nouveau règlement sur les données personnelles qui entrera en vigueur en mai 2018, les entreprises devront être en mesure de prouver qu’elles ont mis tous les moyens à disposition pour assurer la sécurité des informations (données) de leurs clients.
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### Que faire ?
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## Que faire ?
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La meilleure protection est la transparence (ou pour les plus extrêmes, l’abstinence !). Moins vous avez recours aux sites qui collectent des données, ou plus vous ne recourez qu’aux sites qui le font de manière transparente, moins vous courrez de risques. Lorsque s’abstenir n’est pas une option, prenez le temps de lire les conditions d’utilisation avant de signer. Dans tous les cas, lorsque plusieurs options sont disponibles, choisissez la plus sûre. Il est fréquent que les sites et logiciels payants aient des CGU bien plus respectueuses des données des usagers. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on affirme « Sur Internet, si c’est gratuit, c’est toi le produit », ce qui signifie que si le service est gratuit, l’entreprise fait des bénéfices en revendant vos données et leurs analyses. C’est par exemple le cas de Facebook, qui utilise les données des utilisateurs du réseau social pour mieux les cibler.
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@ -11,7 +11,7 @@ categories:
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- Europe
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### Pourquoi l’Europe ?
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## Pourquoi l’Europe ?
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L’Europe est, indéniablement, l’une des plus belles aventures humaines de tous les temps ! En moins d’un siècle, des pays, habitués à conquérir par la guerre des territoires sous l’autorité de leurs voisins, ont décidé de s’associer pour construire un projet de paix, de démocratie, et de prospérité à travers une modernisation sans précédent des moyens de production et une réelle prise en compte de la dimension sociale du développement.
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@ -19,7 +19,7 @@ L’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’asse
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Néanmoins, la construction européenne n’a pas été un long fleuve tranquille. Bien au contraire, ce fut et ça continuera d’être un chemin semé d’embûches, comme est venu nous le rappeler le vote du Brexit.
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Les anciens, comme Marc Luyckx et Jean-Baptiste de Foucauld nous disent que « nous avons échoué, car avec Delors nous avons essayé de changer les choses par le haut, en parlant aux chefs d’États. S’il y a une leçon à en tirer, c’est qu’il faut faire le changement bottom-up. Aider chacun à oser penser son intuition profonde, et à la mettre en œuvre collectivement ». Selon eux, « un changement de paradigme prend environ 30 ans . Il y a 25 ans que Delors a lancé son cri d'alerte . Nous sommes donc probablement proches du basculement de paradigme ».
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Les anciens, comme Marc Luyckx et Jean-Baptiste de Foucauld nous disent que « nous avons échoué, car avec Delors nous avons essayé de changer les choses par le haut, en parlant aux chefs d’États. S’il y a une leçon à en tirer, c’est qu’il faut faire le changement bottom-up. Aider chacun à oser penser son intuition profonde, et à la mettre en œuvre collectivement ». Selon eux, « un changement de paradigme prend environ 30 ans. Il y a 25 ans que Delors a lancé son cri d'alerte. Nous sommes donc probablement proches du basculement de paradigme ».
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De leur côté, les quadras nous alertent sur les enjeux de notre époque et du rôle que l’Europe pourrait jouer dans le changement de paradigme, comme l’expliquait si bien Cédric Villani dans sa tribune au Figaro d’avril 2017, « sans but commun, la diversité peut mener au chaos ; mais unie, elle est invincible. Que l’Europe s’entende sur une nouvelle réglementation, et les géants américains du cyberespace s’adapteront, soucieux de ne pas perdre un marché de 500 millions de consommateurs ».
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@ -45,7 +45,7 @@ On pourrait s’inspirer des jumelages entre communes, reprendre le cadre régle
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3. Un écosystème Internet pour relier les citoyens : « Citizen Link »:
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À l’instar des logiciels en open source qui sont sous la vigilance de la communauté des utilisateurs, nous pensons qu’un écosystème Internet sécurisé et transparent rendrait impossible la manipulation et l’exploitation des données des citoyens européens à des fins privées. Ce système, que nous appellerons par exemple « Citizen Link », offrirait les fonctionnalités sociales essentielles, – hashtags sur ses préférences, compétences, lieux de vie – ainsi que des services collaboratifs –logement en couchsurfing, covoiturage, cours de bricolage, de cuisine, etc…
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À l’instar des logiciels en open source qui sont sous la vigilance de la communauté des utilisateurs, nous pensons qu’un écosystème Internet sécurisé et transparent rendrait impossible la manipulation et l’exploitation des données des citoyens européens à des fins privées. Ce système, que nous appellerons par exemple « Citizen Link », offrirait les fonctionnalités sociales essentielles, – hashtags sur ses préférences, compétences, lieux de vie – ainsi que des services collaboratifs – logement en couchsurfing, covoiturage, cours de bricolage, de cuisine, etc …
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Citizen Link pourrait devenir une source d’information citoyenne, qui serait alimentée de façon bottom-up par les citoyens, la société civile et les acteurs de proximité. Cet écosystème pourrait accueillir les initiatives des citoyens dans le cadre de la journée d’initiation à l’Europe ainsi que les expériences partagées des jeunes qui participeraient au programme Erasmus pour tous. Citizen Link pourrait utiliser les techniques du big data pour mieux identifier les compétences et goûts à l’échelle individuelle et, par exemple, mettre en relation les jeunes qui bénéficieraient du programme Erasmus pour tous. L’idée étant d’optimiser les rencontres en chair et en os. Un système d’évaluation pourrait encourager les comportements vertueux.
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@ -12,7 +12,7 @@ categories:
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## Constat
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Les sondages montrent que la population fait confiance aux ONG, aux associations, travailleurs sociaux, aux acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire, aux urgentistes, aux pompiers, au facteur… Tous ces acteurs de proximité oeuvrent au contact des gens, alors que les politiques ont souvent perdu la confiance de la population.
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Les sondages montrent que la population fait confiance aux ONG, aux associations, travailleurs sociaux, aux acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, aux urgentistes, aux pompiers, au facteur … Tous ces acteurs de proximité œuvrent au contact des gens, alors que les politiques ont souvent perdu la confiance de la population.
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Le 21e siècle est celui de la proximité, de la collaboration horizontale, avec ses voisins, avec ses réseaux, dans la confiance.
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@ -20,7 +20,7 @@ Les techniques digitales transforment ces approches, et de très nombreuses inno
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Toutefois, si de nouvelles applications apparaissent, appuyées sur les technologies numériques et les réseaux sociaux, bien des acteurs traditionnels, ayant la confiance de la population, ne se sont pas encore approprié les techniques digitales. A travers les millions de bénévoles ou le million de salariés qui œuvrent pour elles, elles sont en contact avec une masse d’information et de signaux faibles. Mais, souvent, elles ne recueillent pas ces informations. Leur culture numérique est souvent peu avancée, et elles peinent à savoir utiliser tous les signaux faibles auxquels elles sont confrontées. Les décisions sont parfois prises sur la base de l’intuition, non étayée par une solide analyse de données.
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Développer la culture numérique dans les associations et chez les acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire est donc un enjeu essentiel. Modifier leur approche pour intégrer les démarches collaboratives est vital (projet Proximus, voir encadré). Leur donner accès aux technologies de la « data science » leur permettrait de décupler l’impact de leurs actions et de passer de l’action locale à la mobilisation globale. Pour ce faire, il faut s’appuyer sur les citoyens, afin qu’ils soient les relais des actions autour d’eux. Les cohortes de crapauds fous doivent entrer dans les failles, hacker le système en aidant les acteurs de proximité à agir de manière ciblée et efficace en leur montrant l’urgence, les aider à sortir de leur silo thématique ou populationnel.
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Développer la culture numérique dans les associations et chez les acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire est donc un enjeu essentiel. Modifier leur approche pour intégrer les démarches collaboratives est vital (projet Proximus, voir encadré). Leur donner accès aux technologies de la « data science » leur permettrait de décupler l’impact de leurs actions et de passer de l’action locale à la mobilisation globale. Pour ce faire, il faut s’appuyer sur les citoyens, afin qu’ils soient les relais des actions autour d’eux. Les cohortes de crapauds fous doivent entrer dans les failles, hacker le système en aidant les acteurs de proximité à agir de manière ciblée et efficace en leur montrant l’urgence, les aider à sortir de leur silo thématique ou populationnel.
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Le tsunami et l’accélération imprimée par le digital – maîtrise des outils numériques, impact de l’automatisation sur l’emploi – vont accroître de manière vertigineuse le fossé entre les gagnants et les perdants, ainsi que les tensions sociales et les peurs qui en résulteront. Le risque serait que de nouveaux acteurs apparaissent, mais sans le moindre lien avec les millions de bénévoles actifs dans les ONG traditionnelles, ni avec les millions d’acteurs de proximité ; et qu’à terme, les acteurs traditionnels disparaissent entraînant avec eux ceux qui leur faisait confiance.
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@ -7,7 +7,7 @@ date: "2017-09-12"
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slug: "sciences_pour_tous"
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description: "La science peut être amusante, étonnante, passionnante, poétique..."
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- Game Changers
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- Game Changers
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La science peut être amusante, étonnante, passionnante, poétique ; école de la rigueur et de la créativité, elle donne les clés pour mieux interroger et comprendre le monde. Et aussi les outils pour le transformer, pour le meilleur ou pour le pire. Mais pour la plupart d’entre nous, elle est impénétrable.
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@ -7,7 +7,7 @@ date: "2017-09-12"
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slug: "union_europe"
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description: "A nous, peuple d’Europe, de choisir la transition énergétique que nous souhaitons."
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- Europe
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- Europe
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On l’oublie souvent, mais à l’origine de l’Union européenne que nous connaissons aujourd’hui, fut la Communauté européenne du charbon et de l’acier. C’est le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, qui annonça le 9 mai 1950 le lancement du processus qui devait aboutir à la signature future du premier traité supranational européen et la décision de confier sa gestion à une haute autorité qui travaillerait sous la surveillance des états signataires.
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@ -26,10 +26,10 @@ Malheureusement, peu de citoyens européens ont entendu parler du projet de l’
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Si l’Union de l’Énergie est considérée par les experts comme un projet historique, c’est parce que le monde et l’Europe ont bien changé depuis Schuman. En effet, nous ne sommes plus six pays, mais bien vingt-huit à décider de l’avenir de l’Europe, et nous sommes presque deux cents pays à décider de l’avenir de la planète. Plus important, le monde traverse une crise écologique et climatique d’une ampleur sans précédent, tandis que la menace terroriste, sur fond de corruption et de mal-développement, s’est substituée à la menace communiste. La combinaison des menaces climatique et terroriste jette en pâture, quotidiennement, des milliers de réfugiés qui arrivent sur nos côtes dans l’espoir d’une vie meilleure pour eux et leurs enfants. Car l’Europe est une terre d’espoir !
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L’Union de l’Énergie est conçue comme un projet de solidarité entre les territoires européens. Il s’agit de faire prendre conscience aux États membres, et au-delà aux citoyens européens, qu’ils sont interdépendants énergétiquement. Le projet a pour objectif de réduire notre dépendance énergétique, qui a atteint 54 % en 2015, et nos émissions de gaz à effet de serre. La modération de la demande d’énergie, combinée à l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen, devrait permettre de réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées de nos anciennes colonies (Afrique du Nord et Moyen-Orient) ou de pays dont certains États membres dépendaient par le passé (Russie), avec tout ce que cela sous-entend en termes de géopolitique. Cette réduction de notre dépendance aux énergies fossiles devrait avoir un autre effet positif, celui de rendre l’air de nos villes et de nos campagnes plus respirable en réduisant nos émissions de gaz à effet à serre et les pollutions qui leur sont associées. Mais peut-on réussir le virage de la transition énergétique alors que les États membres préfèrent, encore aujourd’hui, négocier individuellement leurs contrats d’importations des hydrocarbures avec les pays tiers ? **Le deuxième défi de l’Union de l’Energie est donc bien celui du changement des mentalités pour passer du ‘’ je ‘’ au ‘’nous’’ et pour enfin jeter aux calendes grecques les égoïsmes hérités de l’époque de ‘’gloire’’ de nos états nations.**
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L’Union de l’Énergie est conçue comme un projet de solidarité entre les territoires européens. Il s’agit de faire prendre conscience aux États membres, et au-delà aux citoyens européens, qu’ils sont interdépendants énergétiquement. Le projet a pour objectif de réduire notre dépendance énergétique, qui a atteint 54 % en 2015, et nos émissions de gaz à effet de serre. La modération de la demande d’énergie, combinée à l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen, devrait permettre de réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées de nos anciennes colonies (Afrique du Nord et Moyen-Orient) ou de pays dont certains États membres dépendaient par le passé (Russie), avec tout ce que cela sous-entend en termes de géopolitique. Cette réduction de notre dépendance aux énergies fossiles devrait avoir un autre effet positif, celui de rendre l’air de nos villes et de nos campagnes plus respirable en réduisant nos émissions de gaz à effet à serre et les pollutions qui leur sont associées. Mais peut-on réussir le virage de la transition énergétique alors que les États membres préfèrent, encore aujourd’hui, négocier individuellement leurs contrats d’importations des hydrocarbures avec les pays tiers ? **Le deuxième défi de l’Union de l’Énergie est donc bien celui du changement des mentalités pour passer du ‘’je‘’ au ‘’nous’’ et pour enfin jeter aux calendes grecques les égoïsmes hérités de l’époque de ‘’gloire’’ de nos états nations.**
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L’Union de l’Énergie est également un projet de prospérité et de justice sociale, car contrairement à ce que la pensée dominante prétend, c’est bien l’énergie et la connaissance, et non le capital, comme l’expliquent si bien les travaux de Robert Ayers et d’Idriss Aberkane , qui sont à l’origine de la prospérité et des progrès que nous avons connus à ce jour. Mais nous devons rester vigilants. Car contrairement à l’époque de Schuman où les politiques sociales étaient à l’honneur, un virage libéral et dangereux pour nos sociétés a été pris en Europe. On nous a, par exemple, promis une réduction des factures énergétiques des ménages à travers la libéralisation du marché et l’ouverture à la concurrence dans le cadre du marché commun de l’énergie. Au lieu de cela, nous avons eu droit à la précarité énergétique. Environ 48 millions de citoyens européens déclarent ne pas bien se chauffer l’hiver de peur de ne pas pouvoir payer leurs factures énergétiques. « Inacceptable ! » diraient les pères fondateurs de l’Union européenne, « le marché va s’en occuper », nous disent les défenseurs du libéralisme. « Injuste ! » dirait probablement le peuple d’Europe si on lui demandait son avis sur la précarité énergétique. **Le troisième défi de l’Union de l’Energie est un peu lié au deuxième, il s’agit de faire prendre conscience à tous qu’au vingt et un unième siècle l’accès aux services énergétiques est un droit inaliénable de tous les citoyens sans distinction de revenus.**
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L’Union de l’Énergie est également un projet de prospérité et de justice sociale, car contrairement à ce que la pensée dominante prétend, c’est bien l’énergie et la connaissance, et non le capital, comme l’expliquent si bien les travaux de Robert Ayers et d’Idriss Aberkane , qui sont à l’origine de la prospérité et des progrès que nous avons connus à ce jour. Mais nous devons rester vigilants. Car contrairement à l’époque de Schuman où les politiques sociales étaient à l’honneur, un virage libéral et dangereux pour nos sociétés a été pris en Europe. On nous a, par exemple, promis une réduction des factures énergétiques des ménages à travers la libéralisation du marché et l’ouverture à la concurrence dans le cadre du marché commun de l’énergie. Au lieu de cela, nous avons eu droit à la précarité énergétique. Environ 48 millions de citoyens européens déclarent ne pas bien se chauffer l’hiver de peur de ne pas pouvoir payer leurs factures énergétiques. « Inacceptable ! » diraient les pères fondateurs de l’Union européenne, « le marché va s’en occuper », nous disent les défenseurs du libéralisme. « Injuste ! » dirait probablement le peuple d’Europe si on lui demandait son avis sur la précarité énergétique. **Le troisième défi de l’Union de l’Énergie est un peu lié au deuxième, il s’agit de faire prendre conscience à tous qu’au vingt et un unième siècle l’accès aux services énergétiques est un droit inaliénable de tous les citoyens sans distinction de revenus.**
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Et enfin, l’Union de l’Énergie, tout comme l’était le projet de Schuman, est un projet de modernisation de l’industrie européenne à travers la recherche et l’innovation. Une réflexion et des investissements en amont sont nécessaires pour réussir notre passage d’un réseau centralisé basé sur les énergies fossiles, où le citoyen est un acteur passif dont le rôle se limite à consommer de l’énergie, vers un réseau décentralisé basé sur des énergies propres, où le citoyen devient un véritable acteur qui peut produire son énergie et optimiser sa consommation dans le temps. L’intelligence des appareils électroménagers, des compteurs d’énergie et des réseaux énergétiques rendent possible la participation directe du citoyen au réseau énergétique. Mais là aussi, nous devons être vigilants, car toute cette intelligence s’accompagne d’une plus grande vulnérabilité de l’Europe aux cyber-attaques. Il est clair que la digitalisation des réseaux énergétiques est une partie intégrante de la transition énergétique, et au-delà écologique. La question est de savoir si nous sommes bien équipés pour cette digitalisation. Et si nous avons les protocoles nécessaires pour protéger nos villes/campagnes et donc nos vies des possibles attaques de la part de tierces parties malveillantes. **Le quatrième défi de l’Union de l’Energie est donc bien celui de garantir la protection des citoyens européens.**
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Et enfin, l’Union de l’Énergie, tout comme l’était le projet de Schuman, est un projet de modernisation de l’industrie européenne à travers la recherche et l’innovation. Une réflexion et des investissements en amont sont nécessaires pour réussir notre passage d’un réseau centralisé basé sur les énergies fossiles, où le citoyen est un acteur passif dont le rôle se limite à consommer de l’énergie, vers un réseau décentralisé basé sur des énergies propres, où le citoyen devient un véritable acteur qui peut produire son énergie et optimiser sa consommation dans le temps. L’intelligence des appareils électroménagers, des compteurs d’énergie et des réseaux énergétiques rendent possible la participation directe du citoyen au réseau énergétique. Mais là aussi, nous devons être vigilants, car toute cette intelligence s’accompagne d’une plus grande vulnérabilité de l’Europe aux cyber-attaques. Il est clair que la digitalisation des réseaux énergétiques est une partie intégrante de la transition énergétique, et au-delà écologique. La question est de savoir si nous sommes bien équipés pour cette digitalisation. Et si nous avons les protocoles nécessaires pour protéger nos villes/campagnes et donc nos vies des possibles attaques de la part de tierces parties malveillantes. **Le quatrième défi de l’Union de l’Énergie est donc bien celui de garantir la protection des citoyens européens.**
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Pour terminer, je dirai que l’Europe ne pourra jouer pleinement le rôle qui est le sien dans le XXIe siècle sans une construction collaborative et bottom-up de l’Union de l’Énergie. À nous peuple d’Europe de nous saisir des enjeux de notre époque et de construire ensemble cette Europe moderne, juste et solidaire que nous devons aux enfants qui naissent aujourd’hui. On pourrait, par exemple, nous approprier l’Union de l’Énergie en lançant une initiative citoyenne pour intégrer dans les textes existants le concept de « justice énergétique », et pourquoi pas d’étendre ce concept à nos politiques de coopération avec les pays du Sud. Réunir un million de signatures dans au moins sept pays membres, pour que l’initiative soit prise en compte par les décideurs, comme le prévoit le traité de Lisbonne, ne me semble pas être un défi insurmontable à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux. À nous citoyens européens de prendre notre destin en main et d’utiliser les nouvelles technologies pour les bonnes causes !
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