diff --git a/_posts/2017-04-20-neurodivergence.md b/_posts/2017-04-20-neurodivergence.md index 6809a9e..1f7fb8c 100644 --- a/_posts/2017-04-20-neurodivergence.md +++ b/_posts/2017-04-20-neurodivergence.md @@ -31,7 +31,7 @@ En bref, l’intelligence est conditionnée par nos sens, par la puissance des c De même qu’il n’existe pas deux visages identiques, il n’existe pas deux cerveaux identiques. C’est cette variabilité qui fait notre singularité. Toutefois, pour la majeure partie de la population, cette variabilité est marginale, dans le sens où les différences cognitives et perceptives entre deux individus ne pèsent pas lourd comparativement à tout ce qu’ils ont en commun. L’exemple du Quotient Intellectuel de Wechsler (une échelle de mesure des capacités intellectuelles, la plus utilisée, même si ce n’est pas la seule) permet de bien saisir cette notion. Comme on peut le voir sur la courbe ci-dessous, 82,2% de la population présente un QI entre 80 et 120, ce qui est considéré comme la normale. -![impossible?]({{ site.urlimg }}/posts/courbe_de_normalite.png) +![courbe de normalité]({{ site.urlimg }}/posts/courbe_de_normalite.png) Il est essentiel de saisir que nous parlons ici de normalité statistique. En aucun cas, il ne devrait s’agir d’une évaluation de la valeur des individus. Hélas, ce terme de normalité est trompeur et évoque une notion de standard de référence, facilement interprété comme un idéal à atteindre. En d’autres termes, parler de normalité est, qu’on le veuille ou non, normatif. diff --git a/_posts/2017-04-23-ecologie_de_l_esprit.md b/_posts/2017-04-23-ecologie_de_l_esprit.md index ccac698..3ea8784 100644 --- a/_posts/2017-04-23-ecologie_de_l_esprit.md +++ b/_posts/2017-04-23-ecologie_de_l_esprit.md @@ -3,7 +3,7 @@ layout: post title: Pour une écologie de l’esprit authors: Thanh Nghiem date: "2017-04-23" -slug: "ecologie_de_l_esprit.md" +slug: "ecologie_de_l_esprit" description: "Puisque le cerveau est un muscle, tout le monde peut s’entraîner. Quid des extrêmes, des gens qui souffrent d’atypisme ?" --- @@ -54,6 +54,22 @@ Fabienne a rédigé un [article sur les femmes autistes qui s’ignorent][4], et Pas de statistique ni de prêche ici. Ce qui me frappe, c’est que l’atypisme peut être un puissant moteur. Il l’a été pour moi et pour ceux que je connais. C’est parce que l’on souffre d’une différence, d’un trouble irrésolu, que l’on a la motivation pour aller plus loin, pour trouver des solutions qui fonctionnent enfin. +### Conclusion  + +Faire crapaud fou, c’est valoriser sa (neuro)divergence ! Et ce, quelle que soit la forme d’intelligence considérée1. + +Il faut en tout premier lieu changer de regard sur soi-même, prendre conscience qu’étant atypique, on n’est pas seul à doute. Ensuite, voir ceci : ce sont les quelques % aux extrêmes de la courbe gaussienne qui peuvent apporter un regard neuf et des solutions originales aux problèmes existants, créés par les systèmes dominants. Etant engoncés dans les normes qu’ils ont créées, ces derniers ne peuvent que tourner en boucle. + +On dit que les meilleurs guérisseurs sont les patients qui ont guéri. Eh bien voilà ! La différence et la souffrance s’ils la domptent, font d’eux des ambassadeurs authentiques. C’est parce que l’on s’est sorti d’une souffrance et de son tunnel, que l’on peut partager, aider ceux qui sont encore en chemin. C’est ainsi que l’on « remonte » la courbe gaussienne par le partage, l’inspiration, le jeu, puis alors on fait cohorte… + +![courbe du changement]({{ site.urlimg }}/posts/courbe_du_changement.png) + +Connaissez-vous cette courbe ? C’est la fameuse courbe du changement, avec la théorie du Tipping Point (point de basculement). + +Enseignée dans toutes les écoles de commerce, elle explique comment percer avec des produits innovants et met en exergue ce point de basculement où un phénomène marginal devient commun. Si l’on applique cette courbe à l’idée que « la survie de l’espèce passe par un changement de comportement », le crapaud fou se situe à la marge à gauche, là où tout commence. + +Les cohortes favorisent la dynamique de contagion (positive), ainsi faire crapaud fou pourrait sauver l’espèce. + --- [1]: https://www.youtube.com/watch?v=jqEq0Nt7MvM diff --git a/_posts/2017-04-25-game_changer.md b/_posts/2017-04-25-game_changer.md new file mode 100644 index 0000000..c7dd638 --- /dev/null +++ b/_posts/2017-04-25-game_changer.md @@ -0,0 +1,58 @@ +--- +layout: post +title: Game Changer +authors: Alexandre Delanoë +date: "2017-04-25" +slug: "game_changer" +description: "On parle beaucoup d’intelligence émotionnelle (le QE au lieu du QI), mais il existe de nombreuses autres formes d’intelligences..." +--- + +On parle beaucoup d’intelligence émotionnelle (le QE au lieu du QI), mais il existe de nombreuses autres formes d’intelligences aujourd’hui reconnues par les chercheurs (étymologiquement, inter-legere signifie lire entre les lignes, relier) : spatiale (le conducteur de Formule 1 qui mémorise et anticipe les virages du circuit), musicale, kinesthésique, visuelle… + +### Pour commencer, le jeu + +Super Tux () est un jeu développé au début des années 2000, installable sur un système d'exploitation alternatif développé et édité par des communautés de bénévoles comme Debian GNU/Linux (). + +![supertux]({{ site.urlimg }}/posts/game_changer.png) + +Super Tux ressemble à s'y méprendre à un célèbre jeu commercialisé par la société Nintendo. Seuls les couleurs et les personnages ont changé : au plombier est substitué un manchot qui est la mascotte du logiciel libre. + +Super Mario a dressé et activé plusieurs générations de neurones. Ayant joué de nombreuses heures, et avec la force de l'âge, l'adulte que je suis devenu apparaît confiant dans l'univers Super Tux. L'avatar avance victorieusement dans un espace dont je connais bien le chemin après de nombreuses tentatives sur le modèle initial : les astuces, les dangers, le joueur s'en rappelle sur le bout des doigts. Je dirige donc Super Tux en écrasant les monstres, en sautant et récupérant les points avec vélocité. + +Puis, surprise ! Je découvre un mur, c'est une difficulté qui n'existait pas dans le jeu initial. Je m'attendais à une copie mais je découvre une impossibilité. Ce n'est pas un bug, mais un véritable mur dans ce monde, une masse solide et infranchissable. Même en prenant son élan, l'avatar ne franchit pas cet obstacle, ni par au-dessus, ni par en dessous. Je cherche désespérément l'astuce, la porte dérobée, la clef invisible qui lui permettra de passer au niveau suivant. + +Las, j'ai d'abord abandonné à ce stade ne comprenant pas l'intérêt de cette mauvaise blague. A quoi sert un tel jeu ? Plus tard, à force de persévérance et avec un peu de chance, j'ai découvert qu'il existait un mode édition du jeu. + +Effectivement, en appuyant sur la touche "Echap", le joueur s'échappe du monde "jeu", quitte le statut de simple joueur et passe de l'autre côté de la matrice. En découvrant ce mode édition, quelques outils deviennent disponibles : une gomme, des palettes d'objets, des monstres... + +Surtout, le compte à rebours est arrêté, le temps du jeu n'existe plus, l'espace se dilate : le créateur perçoit l'univers dans sa totalité avec ses moindres secrets. Le concepteur peut ainsi gommer la partie inférieure du mur. Le jeu n'est en réalité pas une copie : le jeu consiste à faire le jeu, dans l'esprit du "do it yourself". Le jeu consiste à sortir du mode "jeu" pour changer les règles, hacker le code en quelque sorte. Un jeu ne se consomme donc pas seulement, il est possible d'en devenir créateur et concepteur. Cette expérience fait donc apparaître un autre référentiel par rapport au jeu : casser les codes. + +### Passer de l’autre côté de la matrice ? + +D'autres expériences digitales existent et d'autres manières de passer de l'autre côté de la matrice aussi. Prenons l'exemple de la recherche d'information. Il y a quelques années, nous recherchions quotidiennement dans un dictionnaire la définition d'un mot, plus tard nous avons plutôt utilisé des moteurs de recherche. Prenons l'exemple du dictionnaire pour définir ce qu'est un algorithme. + +L'algorithme de la recherche d'un mot dans un dictionnaire suppose d'abord la connaissance de l'ordre alphabétique. C'est en cours élémentaire, vers l'âge de 7 ans, que la pratique de la recherche d'un mot dans un dictionnaire peut être apprise. Pour un mot donné, supposons "algorithme" (et non "logarithme" qui est la fonction inverse de « exponentiel ») et recherchons ce terme dans le dictionnaire. A droite ou à gauche suivant l'ordre alphabétique de la première lettre selon la page ouverte devant soi puis à gauche ou à droite suivant la seconde lettre du mot que l'on cherche et la page devant soi etc. Jusqu' à atteindre le terme, à sa définition, la lire, éventuellement la comprendre pour décider de l'utiliser ou pas. + +Je définis l'algorithme comme une séquence de règles de mouvements pour décider, exactement comme nous dirigeons Super Tux et Super Mario. Pour le dictionnaire, c'est droite/gauche selon les lettres du mot comparé à la lettre de la page courante pour terminer quand le mot égale celui que l'on cherche. + +Pour un dictionnaire, l'affaire semble à peu près conclue. Mais qu'en est-il de la recherche dans un moteur de recherche ? Autant nous n'utilisons plus trop le dictionnaire, en revanche, nous utilisons un moteur de recherche plusieurs fois par jour. A partir d'une équation de recherche insérée dans un espace vide, en exécutant la touche magique "entrée", le résultat apparaît dans une liste hiérarchisée de réponses pertinentes selon la recette algorithmique du moteur consulté. + +Dans son exploration des connaissances digitales, l'internaute utilise un moteur de recherche pour s'orienter face à la concurrence des dictionnaires et de leurs définitions. Sait-il pour autant le mécanisme (algorithme) qui lui permet de discriminer les définitions entre elles ? + +Quelle est cette recette pour choisir les dictionnaires et leurs définitions éventuelles ? La question posée à des étudiants après bac dans les années 2010, laisse apparaître des surprises : rares sont les réponses précises et justes. Rapidement, les étudiants dénoncent la boîte noire et critiquent un secret jalousement gardé... Comme je l'ai entendu auprès de décideurs adultes dans un séminaire : "de toutes les façons le page rank n'est plus utilisé". + +Comment ne pas savoir exactement ce qui nous permet de décider tous les jours ? Le système de référencement et les citations permettent de hiérarchiser les sites entre eux, même si l'entreprise rajoute des couches d'intelligence, peut-on vraiment faire l'économie d'une culture G des algorithmes (du "page rank" par exemple) ? + +La quadrature du Net a mis en place un méta-moteur de recherche, Searx , qui non seulement respecte la vie privée de ses utilisateurs mais en plus propose la moyenne des résultats d'une requête réalisée dans tous les moteurs de recherche que l'utilisateur décide d'activer. L'algorithme est clair : il s'agit de la moyenne des scores obtenus dans tous les moteurs de recherche. Après plusieurs mois d'usage de ce méta moteur, je me suis rendu compte du pouvoir normatif de l’algorithme : le moteur de recherche que je croyais indépassable en termes de pertinence et de qualité de la recherche était efficace aussi parce que je n'étais habitué à son comportement. En d'autres termes, je me suis habitué à ses résultats qui me confortaient dans des prédictions auto-réalisatrices et qui accroissaient ma dépendance cognitive. + +J'avoue donc ma dépendance cognitive majeure à cette liste hiérarchisée et sponsorisée de résultats orientés selon une formule magique et secrète. J'ai en effet pris plaisir à découvrir le chemin au fur et à mesure que je le parcourais. Cette approche a favorisé la découverte de lieux digitaux. J'ai longtemps pratiqué la balade dans le web avec ces boussoles numériques que sont les moteurs de recherche. + +### Construire soi-même sa carte du territoire + +Mais n'est-il pas temps de construire la carte des territoires numériques que nous avons parcourus ? + +C'est désormais possible. Il existe en effet des technologies qui spatialisent les espaces thématiques dans leur globalité et qui permettent une exploration contrôlée. C'est ce que propose la plateforme Gargantext développée par le CNRS (). Les termes sont extraits et regroupés selon leurs contextes d'apparition ou d'usage puis projetés dans une interface d'exploration graphique. L'exploration devient contrôlée, l'explorateur ne subit plus le chemin mais exploite l’espace des possibles par la visualisation de la masse de connaissances, la carte des territoires cognitifs en quelque sorte. Le code de ce logiciel est libre, disponible, il peut être lu et exécuté par quiconque en respecte les termes dans la volonté d'une science ouverte des algorithmes libres. + +Une première industrie digitale a fondé son succès sur le secret de l'algorithme privateur de libertés, la boîte noire, profitant d’utilisateurs captifs de leurs usages. Désormais, le succès se fonde sur la confiance en la connaissance partagée du mode de calcul, par le partage d'un protocole ; c'est une convention de calcul qui permet la coordination cognitive pour établir la confiance. C'est le principe même de la crypto-économie fondée sur la blockchain par exemple (ou les Smart Contrat chiffrés comme Ethereum qui lui succèdent déjà): c'est le partage d'un mode de calcul comme convention et consensus qui permet l'établissement d'une valeur. Son caractère infalsifiable se fonde sur un calcul difficile dans un sens mais facile à vérifier dans l'autre. En partageant ouvertement la procédure, le principe gagne en crédibilité, en utilisabilité et en valeur, la période d’exercice de l’échange coïncide avec l’état de l’art cryptographique partagé par tous. + +Aussi, l'internaute est confronté à toujours plus de données, d'algorithmes différents pour orienter ses décisions quotidiennement. Ses données lui appartiennent et les algorithmes devront lui être connus : c'est une orientation légale à court et moyen terme. Pour autant arrivera-t-on à décoder l’indécodable, sera-t-il déjà trop tard face à l’inertie de nos habitudes ? Framasoft met déjà en place toute une série d'outils pour soigner notre dépendance aux technologies devenues incontournables par la force de l’usage, avec par exemple : . Pendant longtemps, le logiciel était fermé, la boîte résolument noire comme le livre était fermée, illisible, intraduisible, ininterprétable. Désormais, il convient d'ouvrir le code, de le lire, de le modifier et de l'exécuter. Désormais, dans un contexte de données massives, nous réalisons que coder est à compter ce qu'écrire est à lire. diff --git a/_posts/2017-04-28-sciences_pour_tous.md b/_posts/2017-04-28-sciences_pour_tous.md new file mode 100644 index 0000000..9ae73ed --- /dev/null +++ b/_posts/2017-04-28-sciences_pour_tous.md @@ -0,0 +1,24 @@ +--- +layout: post +title: Sciences pour tous +authors: Vincent Dahirel, CRI (Centre de Recherche Interdisciplinaire) +date: "2017-04-28" +slug: "sciences_pour_tous" +description: "La science peut être amusante, étonnante, passionnante, poétique..." +--- + +La science peut être amusante, étonnante, passionnante, poétique; école de la rigueur et de la créativité, elle donne les clés pour mieux interroger et comprendre le monde. Et aussi les outils pour le transformer, pour le meilleur ou pour le pire. Mais pour la plupart d’entre nous elle est impénétrable. + +Pourtant, des mouvements de fond la rendent plus accessible que jamais, laissant entrevoir la fin d’une forme d’élitisme scientifique qui laisserait le citoyen sur le bord de la route. Au cœur de cette transition, le numérique, formidable vecteur de diffusion. + +Depuis les pionniers de la Khan academy, les formats numériques de médiation scientifiques se sont multipliés. Associé à des rencontres entre passionnés, le web peut être un puissant vecteur d’inclusion du citoyen au cœur d’une science en mouvement. En parallèle, la science de garage, la science de nuit, anonyme et clandestine, a aussi pris un autre visage. + +Des lieux ouverts, les Fablabs ou autres biohackerspaces (comme la Paillasse à Paris), investissent les villes pour permettre à tous d’expérimenter et de fabriquer différemment, à faible coût mais avec toujours plus d’inventivité. + +Tout semble plus facile à celui qui rêve de science, ce qui a permis l’émergence d’une science citoyenne, ou science participative. A l’aide de son smartphone, véritable laboratoire portable, le citoyen peut participer à de grands projets de recherche scientifique. + +Ce qui paraît ésotérique à la plupart d’entre nous, comme par exemple le repliement des protéines, prend soudain la forme d’un jeu (Fold-it), où l’intelligence, la neurodiversité, de toute une communauté d’amateurs permet de découvrir ce que ni l’intelligence artificielle des ordinateurs ni celle de chercheurs confirmés n’avait suspecté. + +Ces élans de démocratisation des pratiques scientifiques appellent des changements dans notre système éducatif, comme le promeut le CRI, le Centre de Recherche Interdisciplinaire. Son idéal ? L’école, la société, ne doivent pas inhiber l’essence créatrice de l’homme, né chercheur, créatif, curieux. + +C’est donc au cœur de l’école que doivent naître des projets de sciences participatives, avec des élèves chercheurs qui nourrissent leur être d’une science ouverte, émancipatrice, qui permet de poser de meilleures questions et de donner à leur vie davantage de sens. diff --git a/_posts/2017-05-03-union_energie.md b/_posts/2017-05-03-union_energie.md new file mode 100644 index 0000000..c4a8160 --- /dev/null +++ b/_posts/2017-05-03-union_energie.md @@ -0,0 +1,28 @@ +--- +layout: post +title: L’Union de l’Energie  +authors: Yamina Saheb +date: "2017-05-03" +slug: "union_europe" +description: "A nous, peuple d’Europe, de choisir la transition énergétique que nous souhaitons." +categories: + - Europe +--- + +On l’oublie souvent, mais à l’origine de l’Union Européenne que nous connaissons aujourd’hui, fut la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. C’est le ministre français des affaires étrangères, Robert Schuman, qui annonça le 9 mai 1950 la signature future du premier traité supranational européen et la décision de confier sa gestion à une haute autorité qui travaillera sous la surveillance des états signataires. +Depuis, le 9 mai a été sacrée par le parlement Européen journée de l’Europe et la haute autorité est devenue la Commission Européenne. Hélas la journée de l’Europe, qui célèbre une idée, à l’origine, portée par la France, n’est pas encore un jour férié chez nous. La communauté nationale semble lui préférer le 8 mai, jour de capitulation de l’Allemagne nazie en 1945 qui est également le jour des manifestations indépendantistes algériennes violemment réprimées par l’armée Française. A croire que le souvenir de la violence est plus important que la célébration de la construction de la paix. Car la communauté Européenne du charbon et de l’acier est bien un projet de paix et de prospérité. Comme le disait Schuman, ce traité avait pour but « de rendre la guerre non seulement impensable mais aussi matériellement impossible ». Au-delà de cette volonté de paix, la mise en commun du marché du charbon et de l’acier de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et des trois pays du Benelux a permis de moderniser les outils de production, de rendre l’Europe compétitive et, plus important que tout, elle a permis d’améliorer les conditions de vie et de travail des habitants des six pays fondateurs de l’Union Européenne et de chacun des pays qui les a rejoints par la suite. + +De la même façon, le 25 février 2015, la Commission Européenne (oui, celle-là même sur laquelle tirer à boulets rouges est devenu un sport national dans nos pays) a annoncé un projet dont l’envergure et la portée sont bien supérieures à celui de Schuman. Il s’agit de l’Union de l’Energie. Pour la petite histoire, l’idée de l’Union de l’Energie remonte à la Commission Delors (1985-1995). Et oui, un autre Français dont le nom est indéniablement associé à la construction de l’Union Européenne. On pourrait se demander pourquoi certains Français se sont investis avec autant d’énergie dans la construction de l’Union européenne. On pourrait également se demander, pourquoi moi qui ne suis pas née européenne et à qui la douloureuse histoire franco-algérienne a permis de le devenir, je m’investis à ma manière dans la construction de l’Europe. Il est vrai que ‘’le bashing’’ de l’Europe auquel nous avons été habitués, nous fait oublier de temps en temps, à nous citoyens européens notre ‘’volonté de vivre ensemble’’. Mais les observateurs étrangers, eux, ne l’oublient pas ! Comme cette collègue chinoise qui m’avait annoncé en août 2010 que ‘’la Chine allait très bientôt rattraper et même dépasser l’Europe sur le plan technologique et économique. Toutefois, l’Europe continuerait à jouer un rôle important dans le monde car l’Europe est avant tout un espace de démocratie, de paix et de liberté’’. Plus connu, le discours de Barack Obama à Berlin, du 25 avril 2016, soit deux mois avant le vote du Brexit, sur le besoin qu’a le monde d’une Europe démocratique, forte et unifiée. Ce discours restera certainement dans les mémoires car pour l'une des premières fois, un homme politique s’est adressé aux européens en parlant du ‘’peuple d’Europe’’. + +Pour revenir à l’Union de l’Energie, il y a deux façons de voir cette proposition de la Commission Européenne. La première, plutôt pessimiste, dans la lignée du ‘’bashing’’ de l’Europe, serait de se dire qu’il s’agit d’un énième projet bureaucratique de Bruxelles sans aucun intérêt pour les états membres. Pis, qui leur ferait perdre un peu plus de leur pouvoir. Oubliant que le rôle de la Commission Européenne se limite à faire des propositions et que ce sont bien le parlement européen (des élus) et le conseil européen (où siègent les chefs d’états et de gouvernements, encore des élus !) qui prennent les décisions et légifèrent. Une autre façon de voir l’Union de l’Energie, cette fois avec enthousiasme et optimisme, consiste à analyser la proposition de la Commission Européenne avec lucidité. Et là, surprise, on se rend vite compte que l’Union de l’Energie n’est rien d’autre qu’un projet de modernisation de l’économie et de la démocratie européenne. Il s’agit de jeter les bases d’une Europe moderne et solidaire à travers la sobriété énergétique et la participation des citoyens aux réseaux énergétiques grâce à la possibilité qu’ils ont de transformer leurs toits en centrales de production d’énergie renouvelable. Ceci au passage ferait de l’Europe le champion de la lutte contre les changements climatiques et le bastion de l’innovation. +Malheureusement, peu de citoyens européens ont entendu parler du projet de l’Union de l’Energie. Pis, parmi les initiés, rares sont ceux qui réalisent qu’il s’agit là de l’une des étapes les plus importante de la construction Européenne depuis Schuman. Pourtant, le projet est géré par un vice-président qui a fait le tour des capitales européennes pour expliquer son importance pour notre avenir commun. Mais me direz-vous, quand on fait le tour des capitales, on rencontre les élites bien-disantes, d’ailleurs pas toujours bien pensantes, mais surtout bien souvent déconnectées du peuple d’Europe. **Faire connaître le projet de l’Union de l’Energie aux citoyens européens pour qu’ils se l’approprient est donc le premier défi auquel ce projet est confronté.** + +Si l’Union de l’Energie est considérée par les experts comme un projet historique, c’est parce que le monde et l’Europe ont bien changé depuis Schuman. En effet, nous ne sommes plus six pays, mais bien vingt-huit pays à décider de l’avenir de l’Europe et nous sommes presque deux cents pays à décider de l’avenir de la planète. Plus important, le monde traverse une crise écologique et climatique d’une ampleur sans précédent, tandis que la menace terroriste s’est substituée à la menace communiste. La combinaison des menaces climatique et terroriste jette en pâture, quotidiennement, des milliers de réfugiés qui arrivent sur nos côtes dans l’espoir d’une vie meilleure pour eux et leurs enfants. Car l’Europe est une terre d’espoir ! + +L’Union de l’Energie est conçue comme un projet de solidarité entre les territoires européens. Il s’agit de faire prendre conscience aux états membres, et au-delà aux citoyens européens, qu’ils sont interdépendants énergétiquement. Le projet a pour objectif de réduire notre dépendance énergétique qui a atteint 54% en 2015. La modération de la demande d’énergie, combinée à l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen, devrait permettre de réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées de nos anciennes colonies (Afrique du Nord et Moyen Orient) ou de pays dont certains états membres dépendaient par le passé (Russie), avec tout ce que cela sous-entend en termes de géopolitique. Cette réduction de notre dépendance aux énergies fossiles, devrait avoir un autre effet positif, celui de rendre l’air de nos villes et de nos campagnes plus respirable en réduisant nos émissions de gaz à effet à serre et les pollutions qui leur sont associées. Mais peut-on réussir le virage de la transition énergétique alors que les états membres préfèrent, encore aujourd’hui, négocier individuellement leurs contrats d’importations des hydrocarbures avec les pays tiers ? **Le deuxième défi de l’Union de l’Energie est donc bien celui du changement des mentalités pour passer du ‘’ je ‘’ au ‘’nous’’ et pour enfin jeter aux calendes grecques les égoïsmes hérités de l’époque de ‘’gloire’’ de nos états nations.** + +L’Union de l’Energie est également un projet de prospérité et de justice sociale car contrairement à ce que la pensée dominante prétend, c’est bien l’énergie et non le capital, comme l’expliquent si bien les travaux de Robert Ayers1 et de bien d’autres, qui est à l’origine de la prospérité et des progrès que nous avons connus à ce jour. Mais nous devons rester vigilants. Car contrairement à l’époque de Schuman où les politiques sociales étaient à l’honneur, un virage libéral, et dangereux pour nos sociétés, a été pris en Europe. On nous a, par exemple, promis une réduction des factures énergétiques des ménages à travers la libéralisation du marché et l’ouverture à la concurrence dans le cadre du marché commun de l’énergie. Au lieu de cela, nous avons eu droit à la précarité énergétique. Plus de 50 millions de citoyens européens déclarent ne pas bien se chauffer l’hiver de peur de ne pas pouvoir payer leurs factures énergétiques. ‘’Inacceptable’’ diraient les pères fondateurs de l’Union Européenne, ‘’le marché va s’en occuper’’ nous disent les défenseurs du libéralisme. ‘’Injuste’’ dirait, probablement, le peuple d’Europe si on lui demandait son avis sur la précarité énergétique. **Le troisième défi de l’Union de l’Energie est un peu lié au deuxième, il s’agit de faire prendre conscience à tous qu’au vingt et un unième siècle l’accès aux services énergétiques est un droit inaliénable de tous les citoyens sans distinction de revenus.** + +Et enfin, l’Union de l’Energie, tout comme l’était le projet de Schuman, est un projet de modernisation de l’industrie européenne à travers la recherche et l’innovation. Une réflexion et des investissements en amont sont nécessaires pour réussir notre passage d’un réseau centralisé basé sur les énergies fossiles, où le citoyen est un acteur passif dont le rôle se limite à consommer de l’énergie, vers un réseau décentralisé basé sur des énergies propres, où le citoyen devient un véritable acteur qui peut produire son énergie et optimiser sa consommation dans le temps. L’intelligence des appareils électroménagers, des compteurs d’énergie et des réseaux énergétiques rendent possible la participation directe du citoyen au réseau énergétique. Mais là aussi, nous devons être vigilants, car toute cette intelligence s’accompagne d’une plus grande vulnérabilité de l’Europe aux cyber-attaques. Il est clair que la digitalisation des réseaux énergétiques est une partie intégrante de la transition énergétique, et au-delà écologique. La question est de savoir si nous sommes bien équipés pour cette digitalisation. Et si nous avons les protocoles nécessaires pour protéger nos villes/campagnes et donc nos vies, des possibles tierces parties malveillantes. **Le quatrième défi de l’Union de l’Energie est donc bien celui de garantir la protection des citoyens européens.** + +Pour terminer, je dirais que l’Europe ne pourra jouer pleinement le rôle qui est le sien dans le 21ème siècle sans une construction collaborative et bottom-up de l’Union de l’Energie. A nous peuple d’Europe de nous saisir des enjeux de notre époque et de construire ensemble cette Europe moderne, juste et solidaire que nous devons aux enfants qui naissent aujourd’hui. On pourrait, par exemple, nous approprier l’Union de l’Energie en lançant une initiative citoyenne pour intégrer dans les textes existants le concept de ‘’justice énergétique’’ et pourquoi pas d’étendre ce concept à nos politiques de coopération avec les pays du Sud. Réunir un million de signatures dans au moins sept pays membres, pour que l’initiative soit prise en compte par les décideurs comme le prévoit le traité de Lisbonne, ne me semble pas être un défi insurmontable à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux. A nous citoyens européens de prendre notre destin en main et d’utiliser les nouvelles technologies pour les bonnes causes ! diff --git a/_posts/2017-05-05-proximite.md b/_posts/2017-05-05-proximite.md new file mode 100644 index 0000000..41857e7 --- /dev/null +++ b/_posts/2017-05-05-proximite.md @@ -0,0 +1,57 @@ +--- +layout: post +title: La proximité, cœur du 21eme siècle, à l’heure de la révolution numérique +authors: Olivier Lebel +date: "2017-05-05" +slug: "proximite" +description: "Le 21e siècle est celui de la proximité, de la collaboration horizontale, avec ses voisins, avec ses réseaux, dans la confiance." +categories: + - Europe +--- + +## Constat + +Les sondages montrent que la population fait confiance aux ONG, aux associations, travailleurs sociaux, aux acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire, aux urgentistes, aux pompiers, au facteur… Tous ces acteurs de proximité oeuvrent au contact des gens, alors que les politiques ont souvent perdu la confiance de la population. + +Le 21e siècle est celui de la proximité, de la collaboration horizontale, avec ses voisins, avec ses réseaux, dans la confiance. + +Les techniques digitales transforment ces approches, et de très nombreuses innovations permettent aujourd’hui de collaborer avec ses voisins, de venir en aide aux gens des rues avec l’appui d’un réseau de citoyens ([Entourage Social][1]), de prêter des équipements ou des livres ([Tonbooktoo][2]), de trouver celui qui donnera un coup de main ([Lulu dans ma rue][3]), de proposer des légumes à ses voisins (Les Incroyables Comestibles, voir encadré), de faire connaître les actions positives (exemples de Sparknews, ou du Sarcelloscope) ou tout simplement d’échanger, en un mot d’être plus humain. Le digital au service de l’intérêt général : ça marche ! + +Toutefois, si de nouvelles applications apparaissent, appuyées sur les technologies numériques et les réseaux sociaux, bien des acteurs traditionnels, ayant la confiance de la population, ne se sont pas encore approprié les techniques digitales. A travers les millions de bénévoles ou le million de salariés qui œuvrent pour elles, elles sont en contact avec une masse d’information et de signaux faibles. Mais, souvent, elles ne recueillent pas ces informations. Leur culture numérique est souvent peu avancée, et elles peinent à savoir utiliser tous les signaux faibles auxquels elles sont confrontées. Les décisions sont parfois prises sur la base de l’intuition, non étayée par une solide analyse de données. + +Développer la culture numérique dans les associations et chez les acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire est donc un enjeu essentiel. Modifier leur approche pour intégrer les démarches collaboratives est vital (projet Proximus, voir encadré). Leur donner accès aux technologies de la « data science » leur permettrait de décupler l’impact de leurs actions et de passer de l’action locale à la mobilisation globale. Pour ce faire, il faut s’appuyer sur les citoyens, afin qu’ils soient les relais des actions autour d’eux. Les cohortes de crapauds fous doivent entrer dans les failles, hacker le système en aidant les acteurs de proximité à agir de manière ciblée et efficace en leur montrant l’urgence, les aider à sortir de leur silo thématique ou populationnel. + +Le tsunami et l’accélération imprimée par le digital – maîtrise des outils numériques, impact de l’automatisation sur l’emploi – vont accroître de manière vertigineuse le fossé entre les gagnants et les perdants, ainsi que les tensions sociales et les peurs qui en résulteront. Le risque serait que de nouveaux acteurs apparaissent, mais sans le moindre lien avec les millions de bénévoles actifs dans les ONG traditionnelles, ni avec les millions d’acteurs de proximité ; et qu’à terme, les acteurs traditionnels disparaissent entraînant avec eux ceux qui leur faisait confiance. + +## Solutions + +### Pour chaque individu : + +Nous appelons chaque citoyen du monde à (r)éveiller l’agent dormant du nouveau monde qui est en lui. Chacun pourrait signaler sur la plateforme « Agents du nouveau monde » (à créer) les actions locales des associations, clubs, réseaux, mobilisations, collectifs, familles, amis en faveur de l’intérêt général, surtout si elles lui semblent innovantes, généreuses, pertinentes, ou simplement sympathiques. Les « actions du nouveau monde » ainsi portées à la connaissance de tous seront regroupées dans des outils de visualisation et de recherche. En lien avec Citizen Link (cf Cercles Europe et Big Data), les citoyens géographiquement distants pourraient utiliser leur passeport Citizen Link pour venir rencontrer les acteurs de ce nouveau monde. + +D’autres actions concrètes sont possibles : + +- Le « [kit des conspirateurs positifs][4] » de l’Institut des Futurs Souhaitables propose une série d’actions concrètes pour participer positivement. + +- Participer aux « Civic Tech » des applications numériques de démocratie participative (voir par exemple l’article du Monde du 14 mars 2017 « [Les civic tech ou la démocratie en version start-up][5] ») met chacun à l’heure du renouveau de la vie démocratique. +Adhérer aux plateformes de pétition en ligne (Avaaz ou Change.org) est aussi une manière de participer à la vie numérique démocratique. + +### Pour les acteurs de l’ESS : + +De nombreux outils existent ; on peut citer par exemple : + +- [Data for good][6] est un réseau de « data scientists » qui interviennent bénévolement pour les ONG. Tous les data scientists qui le souhaitent sont appelés à rejoindre Data for good. + +- Game for change propose aux ONG de créer des « serious game » pour diffuser leurs messages. L’enthousiasme généré, le caractère open source de ces jeux est bien digne des crapauds fous. + +- Epidemium est un programme de recherche scientifique participatif de lutte contre le cancer + +- Probono Lab aide les organisations à finalité sociale en mobilisant des bénévoles, salariés, personnes en recherche d’emploi. Ils peuvent contribuer à l’inculturation digitale. + + +[1]: http://www.entourage.social/ +[2]: https://www.tonbooktoo.com/ +[3]: http://www.luludansmarue.org/ +[4]: http://www.futurs-souhaitables.org/kits-conspirateurspositifs +[5]: http://www.lemonde.fr/o21/article/2017/03/14/les-civic-tech-ou-la-democratie-a-l-epreuve-du-numerique_5094226_5014018.html +[6]: http://www.dataforgood.fr/ diff --git a/_posts/2017-05-08-proximus.md b/_posts/2017-05-08-proximus.md new file mode 100644 index 0000000..9245b36 --- /dev/null +++ b/_posts/2017-05-08-proximus.md @@ -0,0 +1,28 @@ +--- +layout: post +title: Proximus +authors: Olivier Lebel +date: "2017-05-08" +slug: "proximite" +description: "Proximus est un réseau participatif qui vise à identifier des projets collaboratifs dans le monde, à identifier leurs facteurs de succès ou d’échec, et à diffuser cette connaissance en open source." +--- + +Ce début de siècle est celui de la « Troisième révolution industrielle » (Jeremy Rifkin), combinant approches collaboratives, révolution numérique et énergies renouvelables. Les approches collaboratives transforment tous les champs de l’économie (pour les plus connus : Airbnb pour l’hôtellerie, Blablacar pour le transport automobile, Uber pour les taxis – même si ce dernier cas est discutable pour des raisons opérationnelles et éthiques, …). + +L’action sociale et humanitaire est aussi en cours de transformation (des applications comme Entourage Social, ou Singa en sont les meilleurs exemples). Ce n’est pas juste une mode ou une nouvelle tendance. Elle ne faiblira pas, elle ne passera pas et elle transformera nos sociétés. Dans nos « sociétés liquides » (au sens de Zygmund Bauman), retranchées dans leur individualisme, elle constitue une réponse naturelle. + +Fondé par Olivier Lebel et d’autres grands patrons d’ONG, Proximus est un réseau participatif qui vise à identifier des projets collaboratifs dans le monde, à identifier leurs facteurs de succès ou d’échec, et à diffuser cette connaissance en open source. Il constitue potentiellement une nouvelle forme d’ONG, une organisation horizontale, auto-gouvernée (organisation holacratique, au sens de Laloux). Une ONG, ne reposant plus sur la levée de fonds mais sur la bonne volonté, sans siège social et proche du terrain; sans conflit de pouvoir et profondément inspirée par le projet d’aider les autres. Ce serait une organisation qui ne serait composée que de gens de terrain, agissant dans le meilleur intérêt de leurs voisins, tout en poursuivant leur propre intérêt d’avoir une vie pleine de sens. + +## Incroyable Comestibles[^1] + +Exemple de success story qui utilise les réseaux sociaux et le numérique pour augmenter leur impact, par Olivier Lebel + +- Nous annonçons notre présence sur tout le territoire national par des actions engagées dans plus de 500 communes, villes et villages. + +- En Ile de France, nous avons 72 groupes référencés dans notre base de données nationale, tous n'étant pas actifs. Mais nous pouvons affirmer que nous avons eu des actions dans au moins 72 localités. Certaines sont très actives, comme Cergy, Poissy, Boulogne, Herblay, Chauconin, etc. + +- Pour ce qui est du développement international : le mouvement s’est développé de façon importante en Angleterre, en France, en Belgique, au Québec, et il y a également des actions symboliques dans toute une série de pays (25 pays à ce jour). Nous sommes très sollicités à l’international : nous avons récemment reçu une délégation de Sud-Coréen à Cergy ; nous avons donné une conférence à Berlin, nous travaillons sur un projet d’autosuffisance alimentaire au Maroc en partenariat avec 10 villes. Nous donnerons prochainement une conférence en Roumanie. J’ai fait une conférence sur Skype depuis l’ambassade de France en Indonésie m’adressant à un public localisé à Djakarta. + +--- + +[^1]: Originaire d’Angleterre, les Incroyables Comestibles (en anglais : Incredible Edible) sont un mouvement citoyen qui cherche à reconnecter les gens à la terre nourricière par la convivialité. Ils proposent une agriculture urbaine open source. Les plantations sont directement implantées sur l’espace public : chacun peut participer aux opérations de plantation, à l’entretien, venir récolter … et ce ne sont pas forcément les mêmes personnes. « Les Incroyables Comestibles ne plantent pas pour eux, mais pour la communauté humaine ! » diff --git a/_posts/2017-05-10-sante_ouverte.md b/_posts/2017-05-10-sante_ouverte.md new file mode 100644 index 0000000..607d157 --- /dev/null +++ b/_posts/2017-05-10-sante_ouverte.md @@ -0,0 +1,30 @@ +--- +layout: post +title: Santé ouverte, collaborative et Data-driven +authors: Olivier de Fresnoye +date: "2017-05-10" +slug: "sante_ouverte" +description: "Il est indispensable de pousser l'écosystème de santé vers une meilleure culture de l'ouverture." +--- + +Jamais notre système n’a produit autant de données. Il est commun d’avancer qu’il a été produit autant de connaissances entre le début de l’anthropocène et 1995, année de naissance de l’internet qu’entre 1995 et aujourd’hui. Ces données sont produites en masse du fait de l’enregistrement des données en format numérique et du suivi de plus en plus systématique de patients via des appareils médicaux connectés. + +S’il est relativement aisé d’accéder à des données usuelles, telles que bancaire ou de consommation domestique, il est difficile de disposer de données de santé. Les patients ont du mal à accéder à leurs données, mais même les professionnels de santé ou les chercheurs ont des difficultés pour y accéder. + +Or ces données massives, diverses, physiologiques, biologiques, génomiques, environnementales, sont précieuses et recèlent des trésors de connaissances médicales nouvelles. Y avoir accès permettrait d’en révéler le potentiel médical. Leur analyse dégagerait des pistes d’améliorations diagnostiques, thérapeutiques, et ouvrirait la voie à une médecine personnalisée, une médecine de précision, préventive voire prédictive.  + +Au plan de la santé publique, l’accès à cet ensemble de données permettrait de mieux connaître et piloter l’organisation sanitaire, ouvrant la voie d’une plus juste efficience médico-économique et d’une prise en charge sanitaire optimisée à l’échelle individuelle ou populationnelle. + +Ces quelques exemples d’opportunités offertes par les technologies numériques ne constituent qu’une vision limitée du potentiel que recouvrent les évolutions scientifiques actuelles, au premier rang desquelles l’Intelligence artificielle. Le « Machine learning » (l’apprentissage des machines) est aujourd’hui possible dans le domaine de la santé, compte-tenus des progrès de l’intelligence artificielle et de la masse colossale des données disponibles. + +Les machines disposent aujourd’hui de faculté d’apprentissage, à partir des données accumulées. Or, la somme que composent la connaissance et l’expérience rend aujourd’hui les machines capables de facultés humaines cognitives. Dans le domaine de la santé, nous assistons aujourd’hui à la naissance d’une déferlante d’applicatifs permettant la lecture automatisée des lésions dermatologiques, de l’imagerie radiologique, des prélèvements d’organes, champ jusqu’ici exclusif de l’anatomo-pathologiste. + +Au plan thérapeutique, certains avancent même que nous assistons à l’émergence d’une sorte « d’algo-thérapie » (de thérapie par les algorithmes) visant une meilleure prescription, plus ciblée et personnalisée, le volume de chaque médicament diminuant jusqu’à devenir tellement spécifique que chaque pathologie serait assimilée à une maladie rare. Du reste, ceci ne sera pas sans conséquence sur le modèle économique de l’industrie pharmaceutique, et sur les moyens alloués à la recherche de nouveaux traitements.  + +Par ailleurs, notre époque est marquée par l’apparition de communautés, renforcées par les technologies numériques. Ainsi, les communautés de patients, de professionnels de santé, de chercheurs sont des acteurs émergents, informellement structurés, qui jouent un rôle croissant. Ces communautés permettent de créer des synergies nouvelles en termes de partage d’information ou des dynamiques co-créatives de recherche et de vigilance croissante en termes d’usages des données. Des méthodes de recherche jusque-là longues, voir inaccessibles sont aujourd’hui possible, sur des cohortes de patients plus nombreuses. + +En matière de vigilance, des communautés peuvent permettre de surveiller les risques de dérive d’acteurs assuranciels, qui pourraient être tentés d’utiliser ces données pour sélectionner les « bons » patients. Sur ce dernier point, les problématiques juridiques, éthiques sont complexes mais il importe de les porter dans le débat public. + +Les principes que pose l’open-source (partage et réutilisation des codes sources) et les pratiques qu’il induit (inclusion, collaboration, interactions) ont un rôle majeur à jouer dans la santé, en bonne harmonie avec la nécessaire protection de l’individu. + +En conclusion, il est indispensable d’acculturer l'écosystème de santé aux opportunités qu’offrent les nouvelles technologies, de le pousser vers une culture de l'ouverture pour une meilleure libération du potentiel scientifique des secteurs académiques et plus largement des communautés de patients et de professionnels, qui sauront travailler ensemble à la co-construction d’un système de santé inclusif, transparent et soucieux d’un usage juste et éthique des données personnelles.  diff --git a/_posts/2017-05-11-sante_ouverte_exemples.md b/_posts/2017-05-11-sante_ouverte_exemples.md new file mode 100644 index 0000000..f511dec --- /dev/null +++ b/_posts/2017-05-11-sante_ouverte_exemples.md @@ -0,0 +1,14 @@ +--- +layout: post +title: Open Santé – start-ups exemplaires +authors: Olivier de Fresnoye +date: "2017-05-11" +slug: "sante_ouverte_exemples" +description: "Des startups remarquables de l'open santé." +--- + +**EchOpen** est une communauté ouverte et collaborative, animée par un noyau pluridisciplinaire d'experts et de professionnels de haut niveau, ayant pour but de concevoir un échographe Ultra-Portable, Low-Cost et Open Source, connecté à un smartphone, afin d'universaliser l'accès à l'orientation diagnostique. Permettant la transformation radicale de l'orientation diagnostique en médecine hospitalière, en médecine générale et en zone sous-médicalisée (pays en voie de développement, déserts médicaux, etc.) puisque, selon l’OMS, deux tiers de la population mondiale n’a pas accès à l’imagerie médicale de diagnostic. Le projet réunit aujourd'hui une large communauté de plusieurs centaines de membres (ingénieurs, chercheurs, designers, juristes et un tiers de professionnels de santé de différentes spécialités). Après l’obtention d’un premier prototype et d’une première image écho-anatomique en mars 2016, la communauté a ensuite itéré sur ce prototype pour obtenir ensuite une image de qualité médicale. Soutenu par la Fondation Pierre Fabre et de nombreux acteurs académiques, universitaires, médicaux et professionnels, le projet est installé au cœur de Paris et dans des instances universitaires et fablabs à travers le monde, et accueille tous ceux qui souhaitent contribuer à cette aventure inédite. +Voir + +**Epidemium** est un programme de recherche scientifique participatif et ouvert dédié à la compréhension du cancer grâce aux Big Data et aux données ouvertes, sous la forme de data challenges. Construit en partenariat entre La Paillasse, laboratoire communautaire parisien et Roche, laboratoire pharmaceutique spécialisé dans le traitement contre le cancer, ce programme d'Open Science a pour ambition d’être collaboratif et distribué; et d’apporter, grâce à l’intelligence collective, des outils pour la recherche, des solutions pour les professionnels de santé et des réponses pour les patients sous licences ouvertes, que chacun puisse librement utiliser, étudier, adapter, redistribuer et améliorer. + diff --git a/_posts/2017-05-15-diversite_culturelle.md b/_posts/2017-05-15-diversite_culturelle.md new file mode 100644 index 0000000..ccce418 --- /dev/null +++ b/_posts/2017-05-15-diversite_culturelle.md @@ -0,0 +1,66 @@ +--- +layout: post +title: Diversité culturelle +authors: Alice Barbe, Jean-Baptiste de Foucauld, Pierrick Judéaux, Olivier Lebel +date: "2017-05-15" +slug: "diversite_culturelle" +description: "L’Autre est souvent plus proche de nous que l’on ne l’imagine." +categories: + - Diversité +--- + +## L’Autre + +Il y a tant de belles histoires interculturelles où nous créons par la richesse mutuelle. Inna est coach sportive, elle a fait ses classes dans le fitness et l’athlétisme. Elle est arrivée en France avec pour seul bagage son histoire, son militantisme, sa hargne contre Poutine et sa dictature. Pharmacienne, elle a choisi de faire du sport sa nouvelle vie professionnelle. Elle a intégré une association, SINGA pour y créer des programmes sportifs afin de générer des rencontres entre personnes réfugiées et citoyens locaux, autour du sport, sa passion, et surement celle de dizaines de milliers de personnes. + +Inna a fait plus que créer du lien : elle a profondément « hacké » le système d’accueil des personnes en exil, le bénévolat traditionnel, le paradigme bénévole/bénéficiaire. En effet, elle a uni les gens autour du sport. Les « bénévoles » ne viennent plus pour aider « un pauvre réfugié », ils viennent faire un foot, du yoga, de la course. Les « bénéficiaires » ne viennent pas pour qu’on les aide à trouver logement, remplir des formulaires CAF ou CPAM, ou apprendre l’utilisation de l’auxiliaire être ou avoir, ils viennent se faire des potes, se dépenser, découvrir la France, celle qui court, se marre, marque un but ou se relaxe. + +L’impact social de l’initiative d’Inna est énorme, et tellement facile. Inna n’est pas, n’est plus la réfugiée russe. Elle est chargée de programme et rencontre chaque jour des dizaines de personnes à qui elle parle de sport. Elle favorise les rencontres autour d’activités communes qui les valorisent les différents participants, qui deviennent alors des inspirations positives mutuelles. Ainsi, ceux qui en ont besoin pratiquent le français, ceux qui le souhaitent peuvent réaliser une carrière de coach sportif, et ceux que la couverture médiatique sur la vague migratoire alarmaient réalisent qu’une relation interpersonnelle avec une personne réfugiée est plus éclairante qu’une multitude de reportages – parfois, voire trop souvent biaisés.  + +L’Autre qu’est Inna et que sont les réfugiés au regard des sociétés d’accueil, et plus globalement toute personne qui ne rentre pas dans la norme culturelle dominante telle que chacun la conçoit, ne demande qu’à être révélé. Encore plus aujourd’hui, à l’heure où 400 millions de personnes sont déplacées de force dans le monde, où petit à petit nous allons faire face aux migrations climatiques, et où la mobilité permet de faire le tour du monde en quelques heures. + +L’Autre est souvent plus proche de nous que l’on ne l’imagine, relégué par nous-même de l’autre côté d’une frontière largement artificielle, au sens figuré comme littéral, géographique à l’image du périphérique parisien qui demeure pour tant de personnes, de chaque côté, une frontière, sinon infranchissable, du moins souvent infranchie. + +## Peur et richesses + +Le monde actuel multiplie les opportunités de rencontres avec des gens différents (sociétés plus diverses, flux de population croissants, réseaux sociaux) et les richesses culturelles et économiques qu’engendre la diversité sont plus visibles que jamais. Aux Etats Unis, 60% des 25 plus grandes entreprises high tech ont été créées par des immigrés ou des enfants d’immigrés. + +Mais la peur de l’Autre demeure. Nourrie par des inégalités profondes, des angoisses économiques et identitaires. Dans un monde en profond bouleversement où la quête de sens est complexe, nous nous réfugions trop souvent dans une vision unidimensionnelle de l’identité. Voir l’autre et en particulier la différence de l’autre à travers un unique prisme effraie et ne révèle que conflit et incompréhension. +Même quand on pense « bien faire », le piège reste présent. Si l’on se surprend à ne considérer le réfugié que sous l’angle de « celui à qui l’on donne », on oublie alors que Marcel Mauss nous a appris que l’échange se réalisait par le triptyque « donner, recevoir et rendre ». Omettre l’une de ces trois composantes, c’est aliéner l’autre. + +## Un futur commun + +Nous voulons être capable de rêver ensemble un futur commun et souhaitable. Nous voulons construire des projets et un futur ensemble. +Face aux forces déshumanisées du marché et du pouvoir des élites aveugles, notre capacité à changer le monde dépend de notre capacité à créer du lien. La connaissance mutuelle est essentielle ; elle s’acquiert par la connaissance des histoires et des cultures. + +Mais il nous faut accepter nos propres faiblesses. Ne pas les reconnaître c’est ériger des forteresses qui, lorsqu’elles sont attaquées, entraînent des réactions violentes. L’acceptation sans complaisance de notre propre fragilité et vulnérabilité est un levier de connaissance qui nourrit une relation enrichie avec autrui. Et il nous faut parfois changer de posture, prendre le temps, suspendre notre jugement, accepter de ne pas comprendre pour peu à peu apprendre à écouter et à comprendre (les codes, les symboles et les perceptions de chacun). + +> « On comprend l’autre avec ce que l’on a de faible, et on l’aide avec ce que l’on a de fort » +*(Jean-Baptiste de Foucauld, Avril 2017, aux Treilles)* + +La fabrique d’un présent et d’un futur en commun et la création du lien passe par la fraternité (« vivre avec des gens que l’on n’a pas choisi »). N’oublions pas cette grande oubliée de la devise Républicaine : + +La solidarité institutionnelle et mécanique, celle de la redistribution monétaire, est indispensable, mais elle ne suffit plus et peut légitimer si l’on n’y prend garde un individualisme qui peu à peu la ronge. La fraternité n’est pas la cerise sur le gâteau de la solidarité, elle en est la source et la concrétisation. Elle constitue le principe régulateur d’une liberté qui ne dégénère pas en égoïsme et d’une égalité qui ne se confond pas avec l’uniformité. + +Plus on crée du lien, plus on a d’histoires positives, plus la compréhension individuelle et le débat public sont enrichis – jusqu’à renverser le paradigme et passer d’une représentation stéréotypée et unidimensionnelle à une multitude de représentations réalistes. + +## Et demain, que puis-je faire ? + +Le propos n’est pas ici de penser à des solutions politiques ou institutionnelles mais de partager des idées simples, concrètes pour que chacun, s’il le souhaite, puisse apporter sa contribution à cette multitude d’histoires et ce changement de manière de voir. + +- Racontez des histoires. Celles de personnes d’un univers culturel différent que vous connaissez pour faire rêver, étonner et valoriser – et racontez les vôtres, à ceux qui viennent d’un autre pays ou d’un autre milieu. + +- Regroupez autour d’intérêts communs pour créer du lien par le faire-ensemble (cuisiner et manger, danser, faire de la musique, marcher) – ou rejoignez une communauté qui crée ces liens comme les 25000 membres de [Singa][1]. + +- Organisez-vous pour venir en aide aux personnes en situation de fragilité, moins différentes en apparence, mais souvent rongées de l’intérieur, comme par exemple les personnes en situation de chômage de longue durée[^1]. + +- Partez à l’aventure, jusqu’en bas de chez vous ou dans la ville à coté et mettez-vous en situation d’être l’Autre. + +- Cherchez et (re)trouvez ce Commun qui unit les différentes spiritualités et fait de chacune un chemin particulier, mais convergent, vers l’Universel, cet universel où la diversité, loin d’être une menace, est un enrichissement de la Totalité. + +- Révélez vos richesses à travers les autres. Plus personne ne peut aujourd’hui, sans dommage grave pour elle-même ou pour ses proches, faire l’économie de la recherche du sens. Celui-ci n’est plus donné, il est à construire et cette construction passe par la rencontre. Et plus on se situe dans une tradition particulière, plus s’ouvrir et s’intéresser aux autres révèle les richesses apparentes, mais souvent aussi cachées, de nos propres histoires, de nos cultures et de nos trajectoires individuelles et familiales. + +--- + +[1]: http://www.singafrance.com +[^1]: Voir par exemple l’expérience de Solidarités nouvelles face au chômage diff --git a/_posts/2017-05-18-hypergender.md b/_posts/2017-05-18-hypergender.md new file mode 100644 index 0000000..a44bfcc --- /dev/null +++ b/_posts/2017-05-18-hypergender.md @@ -0,0 +1,16 @@ +--- +layout: post +title: Hypergender +authors: Asmaa Guedira +date: "2017-05-18" +slug: "hypergender" +description: "Hyper-Gender est un mouvement qui explore le changement de paradigme en cours dans nos sociétés autour du genre, de l’identité, et des interactions sociales au 21ème siècle." +categories: + - Diversité +--- + +Fondé par Asmaa Guedira, Hyper-Gender est un mouvement qui explore le changement de paradigme en cours dans nos sociétés autour du genre, de l’identité, et des interactions sociales au 21ème siècle. Les pratiques collaboratives au sein de la nouvelle économie et nouveaux modes de travail, ce qu’on nomme le leadership féminin et inclusif, les discussions autour des identités fluides et non-binaires, les nouveaux formats de relation et une vision positive de la sexualité, sont autant de manifestations visibles de ce nouveau paradigme. + +Hyper-Gender est une communauté globale qui déconstruit et repense les frontières du genre, les stéréotypes masculins/féminins, les identités fluides, au-delà des labels et cultures, avec des membres présents dans le monde entier : Rio de Janeiro, Sao Paulo, New York, San Francisco, Berlin, Paris, Londres, Casablanca, Beirut, Le Caire, Kigali, ou encore Welligton. + +Voir  diff --git a/_posts/2017-05-20-intelligence_collaborative.md b/_posts/2017-05-20-intelligence_collaborative.md new file mode 100644 index 0000000..6702a3d --- /dev/null +++ b/_posts/2017-05-20-intelligence_collaborative.md @@ -0,0 +1,91 @@ +--- +layout: post +title: Intelligence collaborative en action +authors: Asmaa Guedira, Laura-Jane Gautier, Francesca Pick +date: "2017-05-20" +slug: "intelligence_collaborative" +description: "Hyper-Gender est un mouvement qui explore le changement de paradigme en cours dans nos sociétés autour du genre, de l’identité, et des interactions sociales au 21ème siècle." +categories: + - Collaboratif +--- + +L’écriture de ce manifeste n’aurait pas été possible sans la mobilisation et l’action collective de 34 crapauds fous, de 21 à 75 ans, réunies pour s’inspirer mutuellement et co-créer les différents cercles évoqués précédemment. +Nous avons choisi de mettre en oeuvres des technique d’animation qui favorisent la collaboration, la confiance (“safe space”) et la créativité, mises en oeuvre par de plus en plus de collectifs à travers le monde. Grâce à cette approche holistique du vivre et travailler ensemble, nous avons pu écrire ce manifeste en 4 jours, dans la joie et la bonne humeur! + +Nous avons besoin de créer plus de safe spaces, “zones de sécurité” en français, c’est-à-dire un espace où règne la confiance entre plusieurs individus. Nous avons besoin de temps, de présence et de confiance pour aller au-delà de ce qui existe, et dépasser ce qui semble impossible (condition préalable à tout saut quantique). Nous avons expérimenté lors de cette retraite créative des méthodes et concepts développés et éprouvés par nos facilitateurs à travers le monde, intégrant moment de bien-être et d’inspiration pour nourrir et stimuler une créativité radicale. Nous avons combiné des principes de “jeu”, “immaturité” et “improvisation”, pour mettre en place une atmosphère bon enfant où personne n’a peur de proposer les idées qui pourraient sembler farfelues, et vaincre son autocensure ! Nous avons favorisé au maximum l’auto-organisation et la création de safe spaces qui permettent de faire tomber les masques et d’être à l'écoute des autres avec tous ses sens. Convaincus que ce type d’environnement créent le niveau de confiance, connexion et capacité à se laisser aller pour remplacer tout “egosystème” par un éco-système qui transforme notre approche aux autres dans la vie. + +Nous nous sommes inspirés, guidés par nos “facilitateurs de choc”, tels Jéronimo, par de nombreuses autres expériences qui valorisent cette approche holistique et complète de l’individu au sein du groupe. Cette semaine à été pour tous ces crapauds fous une belle leçon de tolérance et travail en communauté, où des liens improbables se créent à travers une vision partagée, cassant toutes les barrières et silos, pour forger des partenariats innovants et s’engager dans des expérimentations de l’imagination humaine. + +L’esprit consiste à mettre en place des “processus d’engagement” inspirés du biomimétisme, pour favoriser la stigmergie[^1] au sein du collectif éphémère: + +- Intégrer une diversité profonde / intense +- Unifier autour d’un objectif +- Organiser / gérer à travers l’intelligence collective +- Engendrer et nourrir une conversation non-linéaire et spontanée +- Intégrer la nature dans notre environnement de travail et de vie +- incorporer du mouvement et de la perspective + +Les animateurs doivent être attentifs à connecter tous les participants à l’intention de la semaine, définie en amont par les organisateurs et enrichie tout au long par les projections et attentes de tous. Grâce à des cercles collectifs à chaque début et fin de journée, l’agenda est revu et discuté quotidiennement, dans le cadre d’un programme qui agit comme un container définissant les grandes tendances et fil directeur global pendant la semaine de création. En étant flexible et non linéaire, le ou les animateurs apprennent à être flexible et à l’écoute des besoins du groupe pour équilibrer les énergies et envies de chacun. + +Concrètement, sur les 4 jours, nous avons dédié les matinées à travailler sur les cercles du manifeste et écrire, et les après-midi à avoir des conversations plus libres et des moments d’échange différents (promenades appréciatives[^2], cercles de parole ouverts) + + +## Exemples + +### [Theory U du Presencing Institute rattaché au MIT][1] + +La plupart de ces méthodes et approches viennent de la « Theory U » développée par Otto Scharmer en 2008 au sein du Presencing Institute rattaché au MIT: + +La « Theory U » part de l’idée que la qualité des résultats que nous créons dans tout type de système social est fonction de la qualité de la sensibilité, attention ou niveau de conscience avec lesquels les parties prenantes dudit système opèrent. La Théorie U propose à la fois un cadre, une méthode pour conduire un changement profond, et une manière d’être – en phase avec les meilleurs aspects de notre personnalité. + +Le processus de prototypage suit 3 étapes: Co-sentir - Co-inspirer - Co-Créer. + +### [Art of hosting][2] + +L’Art of Hosting est une approche du leadership, qui va du niveau individuel au niveau systémique. Elle s'appuie sur la pratique individuelle, le dialogue, la facilitation de conversations qui comptent, et la co-création de solutions innovantes adaptées aux défis complexes actuels. + +Elle rassemble aujourd’hui une communauté de 10 000 personnes dans le monde. + +L’Art of Hosting est un moyen efficace pour faire émerger la capacité d’auto-organisation et la sagesse collective de groupes de toutes tailles. L’Art of Hosting part de l’hypothèse que les gens mettent leur énergie et leurs compétences au service de ce qui compte le plus pour eux, au travail comme dans la vie. C’est pourquoi l’Art of Hosting recouvre un ensemble de processus de conversation puissants, qui invitent les personnes à s’engager et à prendre en charge les défis qu’elles rencontrent. + +L’Art of Hosting recouvre un ensemble de méthodes, qui permettent de créer des conversations ouvertes, qui ont du sens et qui se traduisent par l’engagement des parties prenantes et par des résultats significatifs. En travaillant avec tout un éventail de méthodes collaboratives, telles que le Cercle, le World-Café, l’Exploration Appréciative, le Forum Ouvert, le Pro-Action Café, le Story-Telling et bien d’autres, les praticiens peuvent adapter l’approche qu’ils proposent à leur contexte et à leurs objectifs. + +### [Enspiral][3] +Enspiral est un collectif international d’acteurs de changement et entrepreneurs sociaux qui utilisent leurs compétences pour apporter des solutions aux problèmes sociaux et environnementaux. Fondation à but non lucratif née en 2010 en Nouvelles Zélande, Enspiral est rapidement devenu un des pionniers mondiaux sur des nouvelles formes d'organisation et gouvernance collective, qui mettent au centre l’humain et le bien-être. Ses membres, sociétés et indépendants reversent une partie de leur revenu à la fondation mère, et l’ensemble des décisions sont prises d’une manière ouverte et collaborative. Il n’y a pas de chef, et les personnes priment sur les processus. + +Grâce à une grande quantité de développeurs web dans son réseau, Enspiral a fait une contribution importante au développement des applications open source pour des organisations décentralisées. Un des projets pour lequel le réseau est le plus connu aujourd'hui est [Loomio][4], une application pour la prise de décision collaborative. + +### [The Value Web][5] + +Le Value Web (en français : le Web de valeur) est un réseau international d’artistes, de designers, de facilitateurs, d’éducateurs, de chercheurs, de technologistes, d’écrivains, d’activistes sociaux et d’entrepreneurs qui travaillent en utilisant le design et la facilitation pour adresser les défis les plus pressants de notre ère. Leur objectif est de transformer les instances de prises de décision pour servir le bien commun. + +### [The Wellbeing Project][6] + +Le Wellbeing Project (en français : projet du bien-être) cherche à nourrir une double évolution. Il s’agit d’orienter le changement de société vers une meilleure santé et plus de bien-être intérieur, et de catalyser le développement d’une nouvelle infrastructure pour appuyer les acteurs engagés dans cette démarche. + +Le Wellbeing Project est un projet de 3 ans co-créé avec [Ashoka][7], [Esalen][8], l’Institut [Fetzer Institute][9], la [Fondation Skoll][10] et [Synergos][11]. + +### [Transformap][12] + +Transformap est une plateforme en ligne qui permet de visualiser les myriades de solutions alternatives à la pensée économique dominante sur un unique système cartographique open source. Elle donnera à chacun l’opportunité de dresser la carte des initiatives, des communautés, des projets, des entreprises et autres institutions détenues par les salariés, autogérées et organisées démocratiquement, qui se consacrent à satisfaire les besoins de la population, à servir le bien commun et/ou à assurer un mode de vie durable. + +Impulsé par le « MapJam » distribué organisé par le magazine on ligne Shareable en 2014, qui avait le but de mettre en avance des initiatives local de l’économie collaborative, Transformap est née d’un rassemblement à Munich en 2015 d’une vingtaine d’initiatives et mouvements en Europe qui ont déjà des projets de mapping de leurs écosystèmes respectifs. Ce rassemblement avait le but de mieux coordonner et relier les actions de toutes ces initiatives, pour finalement créer une carte open source et une taxonomie unique qui permet de mettre en commun les données de chaque initiative. Quelques mois après ce premier rendez-vous, le projet a gagné un financement par l’union européen. + + +--- + +[1]: https://www.presencing.com/theoryu +[2]: http://www.artofhosting.org/fr/ +[3]: https://enspiral.com/ +[4]: https://www.loomio.org/ +[5]: http://thevalueweb.org/ +[6]: http://wellbeing-project.org/ +[7]: https://www.ashoka.org/ +[8]: http://www.esalen.org/ +[9]: http://fetzer.org/work/projects/wellbeing-project +[10]: http://skoll.org/ +[11]: http://www.synergos.org/wellbeing-project/ +[12]: http://transformap.co/ + +[^1]: Modèle de coopération distribuée et auto-organisée inspirée du fonctionnement des insectes sociaux tels les fourmis ou les termites. Le principe est que la trace laissée dans l'environnement par l'action initiale stimule une action suivante. Ainsi les fourmis déposent des phéromones, pour que d'autres fourmis puissent suivre la piste jusqu'à la nourriture. +[^2]: Façon d’interagir dans la détente, sans jugement, qui permet de reconnaître ce qui est source d’énergie pour chacun. On va ainsi imaginer et créer un avenir en s’appuyant sur les réussites, les forces et les aspirations de chacun. diff --git a/images/posts/courbe_du_changement.png b/images/posts/courbe_du_changement.png new file mode 100644 index 0000000..df39ac7 Binary files /dev/null and b/images/posts/courbe_du_changement.png differ diff --git a/images/posts/game_changer.png b/images/posts/game_changer.png new file mode 100644 index 0000000..4c80ecd Binary files /dev/null and b/images/posts/game_changer.png differ