Update 2017-09-12-acces_raisonnable.md
This commit is contained in:
parent
aa129c7286
commit
ceaa853a51
1 changed files with 6 additions and 6 deletions
|
@ -21,12 +21,12 @@ Et si Internet favorisait non l’information, mais la désinformation ? Et si,
|
|||
1. Il n’y a rien de très original à dire que le web donne une tribune à tout le monde, zozos comme experts, et que se retrouver dans le magma de l’information n’a rien de simple.
|
||||
|
||||
2. On peut identifier plusieurs dynamiques :
|
||||
a. La première est un effet « agora » : Internet offre une tribune à peu de frais, dont l’audience naturelle n’est cependant pas nécessairement folichonne…
|
||||
b. La deuxième est l’effet « loupe » : … audience que boostent les moteurs de recherche en les rendant audibles (exemple : si je fais une recherche sur « complot illuminati argent », l’ami Google me sort 250 000 résultats, à la louche). On peut toujours trouver sur le web quelque chose qui valide ce que l’on pense et qui apporte la preuve qu’on nous ment. Et Google aide d’autant plus à valider ses croyances que celles-ci sont précisément libellées sous la forme d’une request.
|
||||
c. La troisième est un « effet silo » : les sites sont « spécialisés », de telle sorte que l’on trouve présentés avec équanimité les différents points de vue. Seul, à la rigueur, Wikipédia offre ce genre de méta-information, minimisant l’effet cadrage jouant sur la manière dont l’information est comprise et reprise (« le complot des chats contre l’humanité est reconnu par un agent du FBI » et « un agent du FBI révoqué pour démence sénile reprend la vieille antienne du complot des chats » n’ont pas le même effet sur la manière dont on comprend le complot des chats…).
|
||||
d. La quatrième est le classique effet « rebond » (l’un de mes biais cognitifs préférés) : plus on essaie de vous convaincre que vous avez tort, plus vous pensez avoir raison. L’effet est d’autant plus net que celui qui veut vous convaincre laisse entendre que, si vous ne vous rendez pas à ses arguments, vous êtes un trou-du-cul ignare et indigne d’avoir voix au chapitre (on trouvera dans le Manifeste de Brunswick l’une des premières expressions célèbres de l’effet rebond…).
|
||||
e. La cinquième est un effet « fainéantise » : autant je suis disposé à trouver des informations qui valident ce que je pense, autant je serai un peu plus flemmard pour rechercher et comprendre des informations contradictoires.
|
||||
f. La sixième renvoie à des heuristiques : dans la mesure où l’esprit humain n’est pas un microprocesseur froid mais bien une machine à rationalité limitée et chaude, il est habitué à sélectionner les informations de manière à pouvoir agir rapidement. Et c’est là que se noue le drame : plus vous avez accès à de l’information, plus, donc, vous êtes saturé d’information, plus les mécanismes de sélection de l’information vont jouer. Donc plus de nombreux biais cognitifs sont excités.
|
||||
- La première est un effet « agora » : Internet offre une tribune à peu de frais, dont l’audience naturelle n’est cependant pas nécessairement folichonne…
|
||||
- La deuxième est l’effet « loupe » : … audience que boostent les moteurs de recherche en les rendant audibles (exemple : si je fais une recherche sur « complot illuminati argent », l’ami Google me sort 250 000 résultats, à la louche). On peut toujours trouver sur le web quelque chose qui valide ce que l’on pense et qui apporte la preuve qu’on nous ment. Et Google aide d’autant plus à valider ses croyances que celles-ci sont précisément libellées sous la forme d’une request.
|
||||
- La troisième est un « effet silo » : les sites sont « spécialisés », de telle sorte que l’on trouve présentés avec équanimité les différents points de vue. Seul, à la rigueur, Wikipédia offre ce genre de méta-information, minimisant l’effet cadrage jouant sur la manière dont l’information est comprise et reprise (« le complot des chats contre l’humanité est reconnu par un agent du FBI » et « un agent du FBI révoqué pour démence sénile reprend la vieille antienne du complot des chats » n’ont pas le même effet sur la manière dont on comprend le complot des chats…).
|
||||
- La quatrième est le classique effet « rebond » (l’un de mes biais cognitifs préférés) : plus on essaie de vous convaincre que vous avez tort, plus vous pensez avoir raison. L’effet est d’autant plus net que celui qui veut vous convaincre laisse entendre que, si vous ne vous rendez pas à ses arguments, vous êtes un trou-du-cul ignare et indigne d’avoir voix au chapitre (on trouvera dans le Manifeste de Brunswick l’une des premières expressions célèbres de l’effet rebond…).
|
||||
- La cinquième est un effet « fainéantise » : autant je suis disposé à trouver des informations qui valident ce que je pense, autant je serai un peu plus flemmard pour rechercher et comprendre des informations contradictoires.
|
||||
- La sixième renvoie à des heuristiques : dans la mesure où l’esprit humain n’est pas un microprocesseur froid mais bien une machine à rationalité limitée et chaude, il est habitué à sélectionner les informations de manière à pouvoir agir rapidement. Et c’est là que se noue le drame : plus vous avez accès à de l’information, plus, donc, vous êtes saturé d’information, plus les mécanismes de sélection de l’information vont jouer. Donc plus de nombreux biais cognitifs sont excités.
|
||||
|
||||
|
||||
3. Vous l’aurez compris, pour peu que ces effets soient valides, alors jouent en arrière-plan les multiples biais cognitifs dont l’esprit humain est coutumier. Des effets que, par la subtile industrie d’un paradoxe apparent, la surabondance de l’information va exciter et qui, compte tenu de la manière dont s’organisent l’information et son accès sur le web, vont faciliter la cristallisation de « vérités alternatives ». Ainsi, le militant anti-vaccin saura qu’il peut trouver des études tendant à mettre en évidence leur innocuité, mais il partira du principe qu’elles ne méritent pas d’être consultées.
|
||||
|
|
Loading…
Reference in a new issue