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2017-08-31 07:59:26 +08:00

29 lines
4.6 KiB
Markdown

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layout: post
title: "Epilogue"
authors:
- Jean-Baptiste Moretti
date: "2017-09-12"
slug: "epilogue"
description: "Dans toutes nos recherches, la seule chose qui rend la vie supportable, c'est l'autre."
categories:
- Enthousiasme
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Laura-Jane, l'un des quatre mousquetaires, m'est présentée par Thanh. Pour une raison qu'il serait difficile à expliquer, et comme cela arrive de temps en temps dans une vie, nous passons plus de deux heures au téléphone, alors que nous nous parlons pour la première fois. Quelque chose se passe, et ce, grâce à Thanh, encore une fois. On n'est plus à une fois de plus mon amie ;-). Laura-Jane et moi venons de deux mondes différents, très différents. Elle, le circuit parisien, la vie parisienne, et d'une certaine manière cette partie de la France visible car c'est elle que l'on peut voir dans les médias et dans la vie politique. Moi, qui provient du peuple, qui connait la vie à un euro près, un milieu rural où quand on se rend dans la ville la plus proche, Carcassonne, quelques dizaines de milliers d'habitants tout au plus, on dit qu'on va "à la ville", une ou deux fois par ans, et c'est toute une aventure.
Cette France-là qu'on peut parfois voir au JT en se demandant si elle existe vraiment tant elle est loin de la culture et du monde urbain. Et pourtant, elle existe, et pourtant, j'en viens. Et pendant ces quelques heures de discussion, avec cette personne incroyable qu'est Laura-Jane, je réalise que pourtant, même en étant si éloignés sur le papier, nous avons en commun la même philosophie de la vie, les mêmes fondamentaux qui nous animent, les mêmes rêves, ceux que porte en elle Thanh et qu'elle laisse libre à chacun de laisser fleurir en lui. Ou pas. Car Thanh n'impose rien, elle vous propose. Et vous décidez de ce que vous en faites. Un petit miracle se produit alors. Il ne faut pas le laisser partir, il ne faut pas l'occulter, il ne faut pas non plus en avoir peur. Il faut le prendre, en tirer tout ce qu'on veut, et se laisser immerger par tout ce que ça dit. Quelque chose nous est raconté par le monde à ce moment-là, qu'il faut saisir.
Et ça n'est pas fini, et ça va se reproduire. Avec Fabienne, avec Mehdi, avec Raphaël, avec tant d'autres dans le groupe des crapauds fous.
Si les dieux, quels qu'ils soient, dont parle Mandela, entraient à cet instant où j'écris ces mots, par la porte à ma droite, et qu'ils me proposaient de prendre un seul aspect des crapauds fous, et qu'ils le diffuseraient à travers le monde, ce serait celui-là : cette volonté, dans des personnes très différentes, provenant de mondes très différents, d'échanger, d'écouter l'autre, de lui parler vraiment, et malgré ces différences, de créer ensemble. Peut-être pas le grand monde de demain. Ça leur semblerait peut-être narcissique. Mais un petit monde à eux, en tout cas. Et un petit monde, plus un petit monde, j'ose croire que c'est ça, en fait, qui fait le monde de demain.
Sartre dit : "L'enfer, c'est les autres". Je ne suis pas d'accord. Carl Sagan, en revanche, dans "Contact", dit : "Dans toutes nos recherches, la seule chose qui rend la vie supportable, c'est l'autre". Je crois que c'est vrai, dans la mesure où un accord tacite est fixé. Alors peut se produire ce qui est peut-être l'un des miracles du monde : on sait tous qu'on est tous fondamentalement différents, et pourtant si on vivait chacun seul sur une terre, ça ressemblerait un peu à une erreur. Il faut donc vivre ensemble, et le meilleur exemple d'une véritable manière de le faire, c'est l'expérience que je vis dans les crapauds fous.
Comment pourrais-je remercier jamais assez Thanh pour cette expérience unique ?
Il me faut parler quelques instants de moi, et je prie le lecteur de m'en excuser si la lecture lui en est fastidieuse.
Dans ma vie, la première et peut-être la seule chose que je comprendrai jamais vraiment, qui me touche au plus profond de mon âme, c'est la musique. Le reste me parle, mais lorsqu'il s'agit de musique, je citerai Luchini en disant que "rien, à ce moment-là, de ce qui est dit, ne m'est étranger". Et dans la première oeuvre qui prend forme au moment où j'écris ce texte, après plusieurs années de gestation, il me semble comme une évidence que la pochette porte un petit dessin. Peut-être que certaines personnes ne le verront pas au premier abord, mais sachez bien que je ferai bien savoir au maximum de gens qu'il s'y trouve. Il s'agit, bien sûr, dans ce petit bout de moi qui représente peut-être en grande partie ce que je peux apporter au monde, d'un petit crapaud.
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